Gaz: sourires à Prague après l’accord obtenu à Moscou et Kiev

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Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek était tout sourire dimanche, après avoir arraché un accord de deux pages visant à relancer le flux du gaz russe vers l'Europe au terme de nombreuses heures de navette entre Moscou et Kiev.

 De l’aéroport militaire de Prague au palais présidentiel de Kiev puis à la résidence du premier ministre Vladimir Poutine, à Novo Ogarevo, près de Moscou et enfin au siège du gouvernement à Kiev, il a fallu 36 heures non-stop de voyages et de discussions pour parvenir à un accord. „Un martyre“, a résumé dimanche M. Topolanek avant de se féliciter du succès de sa première grande mission pour le compte de l’Union européenne. Toutefois la Russie n’avait toujours pas rouvert les vannes dimanche, invoquant des problèmes de procédure retardant le déploiement des observateurs chargés de surveiller le transit gazier. Précédée par des heures de négociations avec les Russes et les Ukrainiens, mais aussi d’échanges téléphoniques avec les Allemands, les Polonais, les Slovaques, la mission de M. Topolanek n’était à l’origine qu’un simple déplacement à Kiev.
Le rendez-vous crucial à Moscou avec le Premier ministre Vladimir Poutine n’a été décidé qu’ensuite. Dans l’avion, la délégation tchèque commentait sans cesse cet entretien d’égal à égal permis par le mandat de Prague à la tête de l’UE, une situation inconcevable il y a quelques années pour ce petit pays de l’Europe de l’Est soumis pendant un demi-siècle à l’influence du Kremlin. „Nous ne partions pas pour deux jours, certains n’avaient pas même pris leur brosse à dent et leur nécessaire de rasage, il a fallu se débrouiller sur place“, a confié M. Topolanek dimanche à son retour. A Kiev, la première difficulté a été de faire asseoir à la même table le président ukrainien Viktor Iouchtchenko et le Premier ministre Ioulia Timochenko, dont les rivalités politiques compliquaient les négociations. A Moscou, les choses n’étaient pas non plus gagnées d’avance: le Premier ministre tchèque a montré un visage de bois pour annoncer que la délégation „resterait dans la région jusqu’à ce que le flux de gaz reprenne“. Il a cependant marqué un point d’emblée en apprenant aux dirigeants russes que la délégation tchèque „avait réussi à franchir l’abîme entre le président et le Premier ministre ukrainien“. „Vous avez réussi l’impossible“, lui a lancé Vladimir Poutine en souriant avant que ne s’ouvrent les négociations, qui débouchèrent sur l’accord définissant le déploiement d’observateurs européens en Russie et en Ukraine, condition sine qua non de Moscou avant toute reprise des livraisons. Une fois obtenue la signature de Poutine, la délégation tchèque a quitté le bâtiment historique blotti dans une forêt pour repartir sans attendre pour Kiev et obtenir l’accord final des Ukrainiens. A sa grande surprise, M. Topolanek a constaté, à son arrivée à Kiev, que le président Iouchtchenko était venu l’attendre en personne pour le conduire en voiture, avec Mme Timochenko sur le siège arrière, jusqu’au siège du gouvernement.
„Tous les regards en Europe sont tournés vers nous“, a-t-il déclaré à Mme Timochenko au début de leurs entretiens. Fatigué, nerveux, il a ensuite, comme à Moscou, exigé que la presse soit tenue à l’écart des discussions. Mis à la porte, les journalistes ont cependant pu l’entendre plusieurs fois élever la voix dans la pièce voisine pour convaincre Mme Timochenko de signer le document rédigé à Moscou. Ce qui fut finalement chose faite après trois heures. Dimanche, à son retour, le Premier ministre s’est félicité que „les Tchèques se soient montrés capables de résoudre les problèmes dans l’urgence“. „Je vois ce début d’année comme la preuve que nous étions bien préparés“, a-t-il dit, en réponse aux critiques et doutes qui ont précédé l’arrivée de Prague à la présidence tournante de l’UE