Gauche et écologistes veulent peser en faveur d’un salaire minimum européen

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La gauche et les écologistes, qui ont animé surtout en France le débat sur le salaire minimum européen pour éviter le dumping social, espèrent le mettre à l'ordre du jour, malgré un rapport de forces défavorable au Parlement européen.

Ravivé par la crise et de nouveaux cas de délocalisations intraeuropéennes, le sujet est aussi vieux que l’entrée du Portugal dans la communauté européenne avec ses travailleurs du BTP payés à l’époque trois à cinq fois moins cher.
Tandis que la droite (UMP) et le Modem ironisent sur l’impossible harmonisation du Smic français sur la Bulgarie (92 euros/mois), le PS, le Front de gauche et Europe Ecologie plaident pour des smics européens, fixés à 60% du salaire national moyen. Sauf pour le NPA qui réclame 1.500 euros partout, il n’est donc pas question d’un salaire minimum identique en euros dans toute l’Union. L’idée nécessiterait l’unanimité des 27 et il n’y pas l’ombre d’un début de projet de directive européenne. Deux récents arrêts de la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) ont cependant renouvelé le débat, la Commission européenne organisant un forum en octobre sur la base d’un rapport commandé au Bureau international du Travail (BIT).
La Cour a jugé qu’une entreprise lettonne ou polonaise pouvait parfaitement travailler en Suède ou Allemagne et verser des salaires inférieurs à la convention collective suédoise ou allemande (arrêts Laval 2007 et Ruppert 2008) au motif que les salaires suédois ou allemands, fruits d’une longue pratique de négociations, n’avaient pas valeur de salaire minimum légal. „On pourra prendre des initiatives, mais le rapport de force issu des élections est défavorable“, constate l’eurodéputé PS Stéphane Le Foll, réélu.
„Ce débat, qui n’a rien de démagogique, pouvait parfaitement être porté au Parlement européen si la gauche avait gagné : il y avait un accord de tous les socialistes européens“, a-t-il ajouté.
„L’objectif ce sont des Smics, c’est-à-dire qu’il y ait un salaire minimum partout, qui puisse, ensuite, être harmonisé et éviter ainsi la concurrence entre les différents pays“, précise M. Le Foll. „Il va falloir se battre. La démarche la plus directe est de susciter un rapport qui, voté au Parlement européen, serait alors mis à l’ordre du jour du Conseil des ministres“, „le débat ne se fait pas seulement dans l’équilibre des forces au Parlement européen mais dans l’opinion“, a, lui, estimé Yannick Jadot, qui siégera à Strasbourg pour Europe Ecologie.
Pour Daniel Cohn-Bendit, le salaire minimum europén „va de pair avec la convergence de la fiscalité sur les entreprises“ et „on sait pas (comment cela évoluera) car toute une partie d’une droite sociale n’est pas contre“.
Vingt pays sur 27 ont un salaire minimum : moins de 300 euros/mois à l’Est, 400 à 700 euros en Europe du Sud, et plus de 1.200 euros brut en France, Grande-Bretagne, Irlande, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas.

La crise pourrait entraîner „un chantage sur les salaires“, craint Bogdan Iuliu Hossu, leader d’un des deux principaux syndicats roumains Cartel Alfa, membre de la Conférédation européenne des syndicats (CES). En Allemagne, le débat entre sociaux-démocrates (SPD) et conservateurs (CDU-CSU) a été relégué au second plan, et seule la gauche radicale (Die Linke) en fait son cheval de bataille. Au Danemark, Dan Joergensen, tête de liste social-démocrate (opposition) a reposé le problème la veille du scrutin européen : „Les abattoirs danois sont obligés de licencier du personnel car il est meilleur marché de faire abattre les porcs danois en Allemagne où on emploie des ouvriers polonais sous-payés“.