France: Le feuilleton politique français de l’été

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Les personnalités du PS continuent d’étaler leur division dans les médias. Hier, Manuel Valls, qui avait été sommé par Martine Aubry de taire ses critiques ou de démissionner, s’est exprimé dans le „Financial Times“, cependant que Jack Lang – et, dans un registre sensiblement plus unitaire, Ségolène Royal – prenaient à leur tour position./ De...

 

Pour la gauche française, le feuilleton triste de l’été continue („T“ du 17 juillet). „Le parti socialiste est en danger de mort, et la gauche s’est progressivement enfermée dans une vision dépassée du monde“, assure l’encore jeune député-maire PS d’Evry, grosse commune de la banlieue parisienne, dans ses déclarations au prestigieux „F.T.“. Manuel Valls prend la peine de préciser que si „certains peuvent imaginer que l’effondrement des socialistes français s’explique par les succès de Nicolas Sarkozy, contrairement à de que l’on croit trop souvent à l’étranger le bilan du pouvoir actuel est loin d’être positif.“
Mais c’est pour mieux surenchérir: „Une fois reconnues les limites du sarkozisme, il reste à comprendre les raisons du déclin de la social-démocratie en Europe, et singulièrement du parti socialiste en France.“ Un PS qui, selon lui, a fait choix d’une „stratégie mortelle pour la crédibilité de la gauche“ en se lançant dans „l’anti-sarkozisme primaire“. C’est, ajoute-t-il, „parce que je ne me résigne pas à voir la gauche nier toutes les réalités que j’ai voulu poser ma candidature à l’élection présidentielle de 2012“, et demandé „que le PS change de nom“ car „le mot ’socialisme‘, hérité des concepts du XIXe siècle, contribue aujourd’hui à brouiller son identité.“ Quant à Jack Lang, ancien et emblématique ministre de la Culture de François Mitterrand, dont on dit qu’il vit assez mal d’être écarté depuis longtemps (et peut-être pour longtemps encore) du pouvoir, c’est dans le grand quotidien populaire Le Parisien qu’il a choisi de s’exprimer. „Le PS n’est pas mort, explique-t-il, mais il est devenu un arbre sec depuis longtemps.“ M. Lang assure la première secrétaire du parti, Martine Aubry, de son „soutien personnel et amical“, mais il n’en constate pas moins que l’équipe dirigeante devrait exercer sa fonction „à plein temps“, allusion à peine voilée au fait que la numéro un du PS est plus souvent dans sa mairie de Lille que rue de Solférino à Paris.

Autisme“et „impuissance“

Le remuant, talentueux mais très controversé député PS Julien Dray, d’autre part, quoique actuellement en délicatesse avec la justice à propos de transferts de fonds dont on lui demande la justification, a ajouté sa touche personnelle dans de débat déjà fratricide en condamnant sur son blog „l’autisme“ de Mme Aubry, son „impuissance“, son „amateurisme et surtout une étonnante incapacité à entendre ce qui se passe dans son parti et dans la société française“.
Arnaud Montebourg, lui aussi un fringant quadragénaire du PS, a également estimé sur France-Info que le Parti socialiste devait „changer de nature, et donc de nom“. Quant au philosophe Bernard-Henri Lévy, supporter traditionnel quoique critique des socialistes, il avait prononcé ce week-end dans Le Journal du Dimanche quelque chose qui, à propos du PS, ressemblait fort à une oraison funèbre, appelant à „en finir le plus vite possible avec ce grand corps malade“, ce „cadavre à la renverse“.
Le groupe socialiste de l’Assemblée nationale a adopté hier soir à l’unanimité, sur l’initiative de son président Jean-Marc Ayrault, un texte dans lequel il appelle à une sorte de cessez-le-feu entre presonnalités socialistes: „Notre combat mérite mieux que les extravagances et le manque de sang-froid“, écrivent les élus du PS, et il doit „être mené à gauche, avec fierté, la tête haute et en dehors des cimetières“, référence funèbre qui n’était peut-être pas des plus habiles à l’heure où d’aucuns à gauche proclament justement la mort, ou au moins le coma, du parti. M. Ayrault lui-même avait invité, hier matin sur Europe 1, les socialistes français à „cesser de s’envoyer la vaisselle à la figure“, une image à tout prendre plus dynamique …

Ségolène n’accable pas Martine …

Ségolène Royal, dont le silence dans cette virulente controverse interne commençait à susciter beaucoup d’interrogations, a eu l’intelligence, hier, de ne pas accabler Martine Aubry, même si, ancienne (et sans doute future) candidate à la présidence de la République, elle a sans doute de quoi nourrir bien des rancoeurs sur les conditions pour le moins discutées dans lesquelles sa rivale aujourd’hui si malmenée s’est imposée en force durant, et surtout après, le calamiteux congrès socialiste de Reims.
Interrogée par les journalistes à l’occasion d’une conférence de presse régionale, Mme Royal a voulu se placer au-dessus de cette foire d’empoigne, assurant „tous les socialistes“ de sa sympathie, „y compris Martine Aubry“ car „quand on est très, très mal, si on travaille, cela finit forcément par aller mieux“. Mais, a-t-elle ajouté, „cela demande énormément d’énergie, d’intelligence, de réflexion en commun.“ Et „des changements de méthodes et de pratiques“, ce qui pourrait tout de même sembler comporter une certaine nuance critique à l’égard de la direction actuelle du PS.
Elle a en tout cas appelé à „l’arrêt du feuilleton quotidien des petites phrases“. Un feuilleton qu’elle n’aura certes pas alimenté personnellement, bien au contraire, alors que la chose aurait pu lui sembler tentante tant l’échec stratégique et tactique de la direction Aubry semble – à ce jour, du moins – patent, et cruel; mais un feuilleton aussi dont rien ne dit que la trêve estivale lui apportera son point final.