France: Départ annoncé de Rachida Dati: épilogue d’une disgrâce

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Le départ annoncé de Rachida Dati du gouvernement consacre la disgrâce d'une ministre déchue de son statut de \"protégée\" du président Nicolas Sarkozy, et confrontée à une fronde ouverte du monde judiciaire qui lui reproche ses manières autoritaires.

A sa garden party du 14 juillet 2007, radieuse en robe Prada dorée sur les pelouses de la Chancellerie, la toute nouvelle garde des Sceaux, photogénique symbole de l’intégration, écoutait le président chanter ses louanges et exiger d’elle des „résultats“. Le 7 janvier 2009, rentrée à galop forcé de la maternité, elle subissait l’humiliation de l’entendre annoncer lui-même la mort du juge d’instruction, un projet majeur qu’elle découvrait en même temps que les plus hauts magistrats rassemblés pour la rentrée de la Cour de cassation. En un an et demi, son étoile a pâli auprès du président, qui a peu à peu écarté de son cercle intime celle qui, alors amie proche de Cécilia, partageait jusqu’à ses vacances. Le carnet de route qu’il lui a tracé n’a pas rendu la tâche facile à Rachida Dati : la réforme de la carte judiciaire, supprimant plus de 300 juridictions, lui a aliéné nombre d’élus et magistrats. „On sait bien que la politique est décidée à l’Elysée et que son départ ne changera pas grand chose sur le fond“, reconnaissait vendredi un procureur, membre de l’Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire). La prédominance du „tout carcéral“, décriée par les syndicats, risque fort d’être poursuivie par son successeur. C’est donc d’abord la méthode de la ministre qui indispose : juges, avocats, greffiers ou surveillants pénitentiaires l’accusent de ne procéder qu’à une apparence de concertation et de privilégier les annonces. Les magistrats ne supportent plus ses „atteintes“ à leur indépendance : quand elle convoque en septembre des procureurs généraux aux „statistiques décevantes“ sur les peines plancher, ou quand ses services interrogent en pleine nuit les juges responsables de l’incarcération à Metz d’un mineur qui s’est suicidé.
Le courant ne passe plus entre la ministre et les magistrats. A tel point que, pour tenter de rétablir la confiance, c’est Nicolas Sarkozy lui-même qui invitera à l’Elysée l’USM, à un entretien où la ministre n’est conviée qu’à la fin, patientant dans l’antichambre. Rachida Dati a fait connaissance avec les désaveux. Quand elle temporise face à „l’erreur matérielle“ ayant permis la remise en liberté d’un violeur présumé, Nicolas Sarkozy demande depuis Pékin de rectifier le tir.
Quand elle juge „tout à fait régulière“ l’interpellation musclée d’un journaliste de Libération, le président dit comprendre „l’émoi“ et annonce une mission de réflexion. Et si elle estime que l’incarcération possible des mineurs dès 12 ans relève du „bon sens“, c’est le Premier ministre François Fillon qui s’y dit „totalement hostile“.
L’affront du 7 janvier, devant le gotha judiciaire, couronne la série. Sa perte de vitesse ne l’a pas empêchée de faire son entrée en politique, comme maire du riche septième arrondissement parisien, ni de se maintenir en couverture des magazines, même si elle a mis un frein à ses sorties mondaines en robe haute-couture, son appétit du luxe passant mal en temps de crise. Sa grossesse, la mystérieuse identité du père, son retour au travail cinq jours après l’accouchement ont jusqu’ici suffisamment nourri les polémiques et les journaux people pour la maintenir sous les projecteurs.