Europe sociale: salaire minimum européen, un débat lancinant

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Le débat sur un salaire minimum européen est plus que jamais lancinant dans l'Union européenne en raison de plusieurs affaires de dumping social qui ont défrayé la chronique, notamment en Irlande et en Suède.

 Ravivé par les problèmes de pouvoir d’achat, la concurrence intraeuropéenne et des décisions de justice défavorables aux syndicats, le sujet est aussi vieux que l’entrée du Portugal dans la communauté européenne avec ses travailleurs du BTP payés à l’époque trois à cinq fois moins. Depuis, c’est la règle de l’Etat d’accueil qui s’applique et qui est en droit d’imposer ses conditions, notamment de salaire minimal. Mais malgré cela, l’élargissement de l’Union à l’Est en 2004 a redonné de l’acuité au problème. Par exemple en 2005, la compagnie irlandaise Irish Ferries a décidé de se séparer 543 membres d’équipage pour embaucher notamment des Lettons, avant d’accepter de leur payer le salaire minimum légal irlandais après trois semaines de grève et de blocus des liaisons maritimes avec la Grande-Bretagne par les marins irlandais. En 2007, la Cour de justice des communautés européennes (CJCE) a jugé illégale une grève similaire de syndicats suédois. Les juges de Luxembourg ont estimé que l’entreprise lettone pouvait payer moins que la convention collective car celle-ci ne s’appliquait pas nationalement (arrêt Laval). Idem en avril 2008 dans une affaire mettant en cause une entreprise polonaise en Allemagne (arrêt Ruppert). Selon Jérôme Vignon, ex-conseiller de Jacques Delors aujourd’hui à la tête de la direction générale Protection et intégration sociale à Bruxelles, „le salaire minimum européen n’est pas pour demain“ et le sujet „inabordable“ car il nécessite l’unanimité, mais la Commission européenne est „quand même consciente que cela (ces arrêts) crée une émotion“. Un forum sur le sujet est prévu le 25 septembre à Bruxelles. Et les 30 et 31 octobre, une communication du Bureau international du travail (BIT) sera présentée sur les salaires minimums en Europe, à la demande de Bruxelles. La question n’est pas d’avoir un salaire minimum identique en euros „sinon ce serait le salaire bulgare“ (92 euros/mois, NDLR), explique à l’AFP Daniel Vaughan-Whitehead, conseiller principal au BIT. „Mais on se penche sur une coordination et d’éventuels principes d’actions communs, comme dire que le salaire minimum représente partout un pourcentage du salaire national moyen“. Aujourd’hui, quatre groupes de pays se distinguent. Chypre, l’Italie, la Finlande, le Danemark, la Suède n’ont pas de salaire minimum, tout comme l’Autriche et l’Allemagne qui, cependant, en débattent. Ailleurs, il est inférieur à 300 euros mensuels à l’Est, compris entre 400 et 700 euros en Europe du Sud, et supérieur à 1.200 euros bruts en France, Luxembourg, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Irlande, et Belgique. Pour Thijs Berman, eurodéputé socialiste, l’échec du référendum irlandais a démontré que „si on ne construit pas cette Europe sociale où les employés qui travaillent et ont des salaires normaux ne se sentent pas menacés les uns par les autres, on n’aura jamais un Traité“. De même, le premier secrétaire du PS François Hollande a souhaité début juillet „que l’Europe se donne des objectifs, en particulier sur les salaires minima“. „C’est un sujet sur lequel on se passerait bien de la démagogie des socialistes“, a balayé le ministre du Travail, Xavier Bertrand, alors que la France assure la présidence tournante de l’Union européenne jusqu’en décembre.