Espagne: le gouvernement prédit encore moins de croissance, plus de chômage

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Le gouvernement espagnol a sensiblement noirci jeudi le tableau de ses perspectives économiques, prévoyant une croissance faible en 2008 et 2009, et une forte hausse du chômage, alors que les mauvaises nouvelles ne cessent de s'accumuler.

„L’ajustement économique est beaucoup plus brusque et rapide que nous l’attendions“, a commenté le ministre de l’Economie, Pedro Solbes, à l’issue du conseil des ministres, écartant toutefois l’hypothèse d’une récession (deux trimestres de suite de croissance négative). L’Espagne, après plusieurs années de forte croissance qui la plaçait parmi les économies les plus dynamiques de la zone euro (3,8% en 2007), fait face depuis le début 2008 à un sévère ralentissement lié au retournement du marché immobilier, à la crise financière internationale et à la flambée des prix du pétrole. Le gouvernement a publié son „cadre macro-économique“ pour 2008 et 2009, qui prévoit une croissance de 1,6% du PIB pour cette année, contre 2,3% dans le précédent cadre, publié en avril. Encore plus abruptement, la prévision de croissance 2009 a été ramenée de 2,3% à 1%. La construction, qui était le moteur de la croissance, avec des édifications à tout va et une flambée des prix permis par les taux d’intérêt très bas de la BCE, est en pleine crise. Les ventes et les prix baissent et nombre de sociétés, qui peinent à trouver des crédits à cause de la crise financière internationale, mettent la clé sous la porte, jetant au chômage des légions de travailleurs peu qualifiés. „La chute du secteur de la construction pourrait s’aggraver en 2009“, a commenté M. Solbes. Cela aura un impact sur le chômage. Le gouvernement prévoit qu’il augmente plus que prévu, à 12,5% en 2009, contre une prévision du ministre du Travail de 11% auparavant. Cette nouvelle donne économique risque aussi de priver l’Espagne d’un de ses atouts: les excédents budgétaires. Ceux de l’Etat ont déjà fondu, et Pedro Solbes a déclaré jeudi qu’il attendait des comptes publics (Etat, Sécurité sociale, collectivités) en „léger déficit ou à l’équilibre“ en 2008. Après avoir estimé pendant des mois que l’Espagne était bien armée pour faire face au ralentissement, le gouvernement a commencé à revoir sa copie ces dernières semaines, reconnaissant l’existance d’une „crise“. Il n’avait guère le choix, tant les mauvaises nouvelles s’accumulent. Tous les indicateurs officiels publiés montrent une dégradation de la situation. Jeudi, l’institut national de la statistique (INE) a annoncé que le taux de chômage était monté au deuxième trimestre à 10,44%, au plus haut depuis la fin 2004. Le ministère de l’Economie a lui annoncé que la flambée des prix du pétrole ont encore creusé le déficit commercial de l’Espagne. Sur les cinq premiers mois de l’année, il a augmenté de 13%, à 42,840 milliards d’euros, et le prix des importations de pétrole a augmenté de 61,9% en un an. Le gouvernement présentera d’ailleurs sous peu un projet visant à permettre à l’Espagne de réduire de 10% ses importations de brut. Les Espagnols, éreintés par une inflation au plus haut depuis au moins 11 ans (5,1% sur un an en juin), sous pression pour rembourser leurs prêts immobiliers dans ce pays où les emprunts sont presque tous à taux variables, s’inquiètent de voir la situation se dégrader à ce point. Selon un sondage du centre d’enquête sociologique (CIS), réalisé du 18 au 26 juin auprès de 2.463 personnes, l’économie est le principal problème du pays, pour 58,3% des sondés.