En Allemagne, une possible alliance avec l’extrême gauche empoisonne le SPD

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Le Parti social-démocrate allemand SPD a essuyé lundi un camouflet sur la question d'une alliance avec l'extrême gauche pour gouverner la région de Francfort, un problème qui l'empoisonne depuis des mois et risque de peser sur ses chances aux élections générales de l'an prochain.

 Quatre députés sociaux-démocrates de Hesse ont annoncé qu’ils s’opposaient à ce que leur parti forme un gouvernement régional de coalition avec les Verts, qui devait recevoir le soutien de Die Linke, un parti formé d’ex-communistes et de déçus de la sociale-démocratie.
 Cette décision, qui torpille des mois de tractations visant à renverser le gouvernement minoritaire conservateur en Hesse, embarrasse la direction du SPD et relance un débat national sur l’attitude à adopter par le plus vieux parti social-démocrate d’Europe face à Die Linke, formation récemment créée qui se renforce aux dépens du SPD.
Les sociaux-démocrates, qui gouvernent à Berlin avec les conservateurs de de la chancelière Angela Merkel, stagnent depuis des mois dans les sondages qui les placent désormais à 24%, contre 37% pour les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate et de l’Union chrétienne-sociale (CDU/CSU). Et ses alliés privilégiés, les Verts, avec qui ils gouvernaient dans le gouvernement du chancelier Gerhard Schröder, n’arrivent pas à dépasser les 10%, alors que die Linke recueille déjà 13% des intentions de vote.
Une logique purement arithmétique voudrait que le SPD envisage une alliance électorale l’an prochain avec les Verts et Die Linke, mais la direction nationale du parti, à commencer par son candidat à la chancellerie, l’actuel ministre des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, rejette tout accord avec l’extrême gauche au niveau fédéral. Le SPD accepte toutefois déjà des alliances avec Die Linke à l’échelle régionale dans l’ex-Allemagne communiste et nombre sont ceux, au sein du parti comme au sein de l’électorat, qui redoutent un possible revirement des sociaux-démocrates au niveau fédéral.
 La Hesse, où des élections régionales en février n’ont pu départager les partis, illustre la possibilité d’un tel revirement. Dans les jours qui ont suivi le scrutin, le chef local du SPD, Andrea Ypsilanti, a annoncé qu’elle allait chercher à se faire élire à la tête du Land avec le soutien tacite de Die Linke — alors même qu’elle avait exclu cette hypothèse avant l’élection. Cette décision avait déclenché une tempête politique au niveau national et il avait fallu des mois pour que Mme Ypsilanti, avec l’assentiment de la direction du SPD, annonce avoir finalement trouvé suffisamment de voix pour renverser le gouvernement conservateur en Hesse.
Quatre députés SPD ont toutefois fait savoir lundi — à moins de 24 heures du scrutin prévu au Parlement régional — qu’ils ne voteraient pas pour une alliance avec l’extrême gauche. Le parti „Die Linke est un parti d’extrême gauche qui a des positions allant jusqu’au rejet de l’Etat de droit“ et dont „l’objectif est de combattre la sociale-démocratie“, a expliqué l’une des réfractaires, Carmen Everts, au cours d’une conférence de presse. Le président du SPD, Franz Müntefering, a regretté cette décision „tardive“ des quatre députés, estimant qu’elle constituait „un embarras pour l’ensemble du parti“.
Mais à droite, les chrétiens-démocrates se frottent les mains. Pour le député CDU Norbert Röttgen, „le fait que le mensonge ne paie pas est une bonne nouvelle dans une période où la question de confiance est de toute première importance“.