Emeutes moldaves : Voronine menace de recourir à la force et accuse Bucarest

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Le président moldave Vladimir Voronine a accusé mercredi la Roumanie d'être derrière la flambée de violences qui ont embrasé la capitale, Chisinau, et menacé de recourir à la force si les émeutes anticommunistes se poursuivaient.

Le soulèvement a tourné à la crise diplomatique, M. Voronine pointant du doigt la Roumanie, dont la Moldavie fit partie avant d’être annexée par l’URSS puis d’accéder à l’indépendance en 1991. „La Roumanie est impliquée dans tout ce qui se passe chez nous“, a-t-il affirmé, ce que Bucarest a aussitôt démenti, dénonçant „une provocation envers l’Etat roumain“.
L’ambassadeur de Roumanie à Chisinau, Filip Teodorescu, a été sommé de quitter le pays dans les 24 heures alors que l’ambassadeur moldave à Bucarest était rappelé à Chisinau pour „consultations“. Le gouvernement moldave a approuvé dans la foulée l’introduction d’un régime de visas avec la Roumanie, devenue membre de l’UE en 2007. Haussant le ton, le président moldave a aussi menacé de prendre des „mesures appropriées“ contre les manifestants qu’il avait qualifiés la veille de „fascistes ivres de colère“. „J’ai fait en sorte d’éviter toute effusion de sang dans des situations comparables dans les années 1989 et 1991, quand j’étais ministre de l’Intérieur“, a déclaré le chef de l’Etat de cette ex-république soviétique de 4,3 millions d’habitants. „Hier, j’étais à la limite (de recourir à la force). Si ça se répète, des mesures appropriées pourront être prises“, a-t-il ajouté. Sourds à ces menaces, un millier de personnes, très jeunes, ont continué à manifester mecredi dans le centre de Chisinau pour une troisième journée de protestations après la victoire écrasante des communistes dimanche aux élections législatives.
„A bas les communistes“, „Non à la violence“, scandaient-ils. En fin d’après-midi, certains d’entre eux ont tenté en vain de forcer le cordon de police déployé autour du siège du gouvernement, dans un climat tendu. „Les communistes ont falsifié les résultats. Nous devons continuer à manifester mais ne pas céder aux provocations“, a déclaré Anatoli Petriencu, leader du Mouvement pour l’Europe. La commission électorale centrale a reporté l’annonce des résultats officiels, prévue mercredi, son président ayant été hospitalisé pour „stress“, a indiqué Iouri Ciocan, responsable de la commission. Celle-ci a jusqu’à vendredi pour le faire.
Selon les derniers résultats préliminaires postés sur le site officiel consacré aux élections alegeri.md, le Parti communiste obtient 49,9% des voix et non plus 49,98% comme indiqué lundi, soit 60 et non 61 des 101 sièges de l’assemblée.
Si ces nouveaux chiffres se confirment, cela pourrait théoriquement permettre à l’opposition de bloquer l’élection d’un nouveau chef de l’Etat au parlement, pour laquelle 61 voix sont nécessaires. Mardi, de jeunes manifestants avaient mis à sac le parlement, jetant meubles et ordinateurs par les fenêtres, et occupé également la présidence avant que les forces de l’ordre ne reprennent le contrôle de la capitale dans la nuit. Les difficultés sociales de ce pays, le plus pauvre d’Europe dont un quart de la population est partie travailler en Europe ou en Russie, et le manque de perspectives claires pour la jeunesse semblent être le principal catalyseur de ces émeutes.
„Ce n’est que le début. Ce sont les communistes qui sont coupables, on n’a pas de quoi vivre ici, comment on peut vivre avec un salaire de 1.500 lei (100 euros) ?“, affirme Sergueï Mountian, un ouvrier de 22 ans. La Russie, toujours inquiète des débordements post-électoraux dans l’ancien bloc soviétique, a de son côté estimé que toute remise en cause des résultats serait „sans fondement“. L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) a également jugé le scrutin „conforme à de nombreuses normes et obligations internationales“.