Dalaï lama: Pékin tape du poing sur la table contre Sarkozy

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La Chine a protesté mercredi contre la rencontre prévue entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama en reportant un sommet avec l'UE, geste inédit qui prouve que les contacts avec le leader spirituel tibétain sont un casus belli pour ses relations avec l'Europe.

„Les autorités chinoises ont fait part à l’Union européenne de leur décision de demander le report du XIe Sommet Union européenne-Chine, prévu pour se tenir le 1er décembre prochain“ à Lyon (France), a annoncé le Conseil de l’UE (organe représentant les 27 Etats de l’Union européenne) dans un communiqué. Les autorités chinoises ont invoqué de prochaines „rencontres entre le dalaï lama entre des dirigeants européens“, selon le communiqué. Le leader tibétain, Prix Nobel de la Paix 1989 pour sa lutte pacifique contre la domination chinoise au Tibet, doit notamment rencontrer le 6 décembre le président français Nicolas Sarkozy, président en exercice de l’UE, à l’occasion d’une réunion de Prix Nobel organisée à Gdansk (Pologne). „L’Union européenne, qui s’était fixée des objectifs ambitieux“ pour le sommet „prend acte et regrette cette décision de la Chine“, a ajouté le communiqué. Nicolas Sarkozy „est libre de son agenda“, a souligné pour sa part le porte-parole du gouvernement français, Luc Châtel, en qualifiant la position française d'“équilibrée“. Aucune nouvelle date n’a été fixée pour la rencontre UE-Chine. Les sommets UE-Chine se tiennent une fois par an, alternativement en Chine et dans le pays assumant la présidence de l’UE. „La balle est dans le camp de la Chine, c’est elle qui a pris la responsabilité de reporter ce sommet. Pour nous, la porte reste ouverte“, a indiqué une porte-parole de la présidence française de l’UE. La Chine a toujours eu pour politique de s’opposer aux rencontres entre des dirigeants étrangers et le dalaï lama, qu’elle accuse de vouloir l’indépendance du Tibet même s’il prône une plus grande autonomie. En septembre 2007, la chancelière allemande Angela Merkel en avait fait l’expérience. Les relations Pékin-Berlin avaient connu un froid plusieurs mois durant après sa rencontre à la chancellerie avec le dalaï lama. Le Premier ministre britannique Gordon Brown a lui pu rencontrer fin mai le dalaï lama sans provoquer les foudres de Pékin, rencontre que Londres avait qualifiée d'“interreligieuse“ plutôt que politique. Nicolas Sarkozy, lui, est dans le collimateur des Chinois depuis le printemps. Les relations franco-chinoises ont ainsi connu de fortes tensions après les émeutes du mois de mars au Tibet, avec des appels au boycott des produits français en Chine. M. Sarkozy avait conditionné sa venue à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Pékin, début août, à la reprise du dialogue entre les Chinois et les représentants du dalaï lama. Le dialogue a repris – les émissaires du dalaï lama l’ont depuis qualifié d'“échec“ – ce qui a permis à M. Sarkozy de se rendre à la cérémonie. Le chef de l’Etat s’est dans la foulée abstenu de rencontrer le leader tibétain, au passage de ce dernier en France. Ce qui lui avait valu de vives critiques de l’opposition française, l’accusant de vouloir ménager les intérêts économiques français en Chine. Aussi notoire que soit la susceptibilité de Pékin sur le dossier tibétain, la décision de la Chine de reporter son sommet avec l’UE est „spectaculaire“, selon François Godement, spécialiste de la Chine à l’Ecole des Sciences politiques à Paris. Elle montre selon lui que les Chinois – qui n’ont jamais réagi ainsi aux rencontres qu’a eues le président américain George Bush avec le dalaï lama, souligne-t-il – „traitent les Européens comme des voisins de la Chine“ et leur „mettent la pression“. D’autant que, côté européen, „c’est la désunion totale sur le Tibet, et la Chine en est parfaitement consciente“.