Conflit d’intérêts : Kouchner, soutenu par Fillon, rejette les accusations

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Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a reçu mercredi le soutien du Premier ministre François Fillon après sa mise en cause dans un livre paru mercredi, dont il a rejeté en bloc les accusations de conflit d'intérêts.

Devant l’Assemblée nationale, Bernard Kouchner a affirmé avoir toujours agi „en toute transparence et en toute légalité“, ajoutant que le livre „Le Monde selon K“ du journaliste-écrivain Pierre Péan était „fait d’amalgames et d’insinuations“ et portait des attaques „nauséabondes“. Sur France 2 mercredi soir, il a déclaré avoir „parlé un petit peu“ du livre avec le président Nicolas Sarkozy, à l’occasion du conseil des ministres, et indiqué qu’il pensait porter plainte. Le livre dresse une critique sévère des positions de politique étrangère de Bernard Kouchner, en particulier sur le Rwanda, et l’accuse de mélange des genres entre activités publiques et privées. Dans un communiqué, François Fillon a dit sa „confiance“ et son „respect“ à Bernard Kouchner, estimant que „rien ne justifie que la réputation d’un homme soit ainsi piétinée suite à de simples allégations“. La principale accusation de Pierre Péan concerne des activités de consultant dans le secteur de la santé en Afrique, entre 2002 et 2007, après la défaite électorale de la gauche à laquelle Bernard Kouchner appartenait et avant sa nomination dans un gouvernement de droite. Selon le journaliste, il a mené ces activités pour deux sociétés privées, Africa Steps et Iméda, gérées par deux proches, alors qu’il présidait en même temps un groupement d’intérêt public, Esther, consacré à la coopération internationale hospitalière. Il affirme que ces sociétés ont vendu pour près de 4,6 millions d’euros de contrats de conseil sur la réforme des systèmes de santé au Gabon du président Omar Bongo Odimba et au Congo de Denis Sassou Nguesso. Selon Pierre Péan, une partie de ces sommes n’a été recouvrée par les sociétés qu’après l’entrée en fonctions de Bernard Kouchner au Quai d’Orsay, le 18 mai 2007. Le ministre assure n’être pas intervenu. Des discussions menées avec Omar Bongo visaient à „lui dire que je ne pouvais plus m’occuper du système gabonais d’assurance maladie“, a-t-il précisé au Nouvel Observateur. Selon son entourage, Bernard Kouchner „n’a pas mis d’argent dans sa poche“ et les accusations sur les contrats africains „ne s’appuient sur rien“. Pierre Péan a précisé mercredi qu’il ne reprochait „rien d’illégal“ à Bernard Kouchner, mais plutôt d’être en décalage avec ses principes moraux. „L’image, c’est le chevalier blanc avec le socle de la morale. Je trouve dès le début des années 90 un certain nombre de choses qui ne sont pas en accord avec cette image“, a-t-il déclaré. Le ministre, de son côté, s’en est pris à l’expression „cosmopolitisme anglo-saxon“, utilisée par Pierre Péan dans son livre et qu’il définit en substance comme une renonciation par Bernard Kouchner à l’indépendance nationale française.
„Le cosmopolitisme, en des temps difficiles, ça ne vous rappelle rien?“, a lancé Bernard Kouchner, aux origines juives connues, en évoquant implicitement l’association de ce terme à l’antisémitisme dans la France d’avant la deuxième guerre mondiale.
M. Kouchner a dénoncé dans le Nouvel Observateur „tous les révisionnistes, ceux d’hier et ceux qui, aujourd’hui, réécrivent l’histoire du génocide tutsi au Rwanda“.
Opposé au rapprochement de la France avec le président rwandais Paul Kagamé, un Tutsi, Pierre Péan avait affirmé en 2005 que les Tutsis, généralement présentés comme les victimes du génocide de 1994, devaient aussi en être tenus pour responsables.