Climat: Poznan trace la voie vers Copenhague mais déçoit le Sud

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La communauté internationale s'est formellement engagée dans la nuit de samedi à Poznan sur la voie d'un nouveau traité contre le changement climatique, qui doit être conclu dans un an à Copenhague pour tenter d'enrayer l'inquiétant réchauffement en cours.

Quelques heures auparavant, les 27 Etats membres de l’UE avaient trouvé un accord sur le plan climat qui les amènera à réduire de 20% leurs émissions polluantes d’ici 2020, et appelé le reste du monde à les rejoindre dans le futur accord.

Climat: les principales décisions de Poznan 
La conférence de Poznan a arrêté le calendrier des négociations internationales du futur accord contre le changement climatique qui doit être conclu en décembre 2009 à Copenhague. Voici ses principales décisions:
CALENDRIER DE TRAVAIL: – Les pays signataires de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CNUCC) se retrouvent en mars autour d’un document de travail, synthèse des propositions émises sur les objectifs et les moyens de réduire l’effet de serre. De ce document, sortira en juin le texte de négociation exprimant une „vision partagée“ par les pays industrialisés – y compris les Etats-Unis – et les pays en développement, qui pourrait devenir le Protocole de Copenhague.
– Les pays industrialisés signataires du Protocole de Kyoto (tous sauf les Etats-Unis), dont les premiers engagements expirent en 2012, sont prêts à reprendre des objectifs de réduction de leurs émissions polluantes. Ils sont prêts à considérer une fourchette de -25 à -40% en 2020 par rapport à 1990, recommandée par les scientifiques. Les pays concernés devront avoir communiqué leurs engagements respectifs avant le printemps 2009.
– Quatre sessions de négociations sont d’ores et déjà prévues pour 2009. Par ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU Ban-Ki moon pourrait convoquer un sommet des chefs d’Etat sur le climat en septembre à New York et l’UE a suggéré une réunion ministérielle à l’automne, permettant une rencontre avec la nouvelle délégation américaine.
FINANCEMENTS
– Un accord a été trouvé pour conférer à titre temporaire l’accès direct des pays en développement au Fonds d’adaptation, destiné à venir en aide aux pays les plus démunis.
Mais les sommes disponibles restent dérisoires (50M de dollars à ce jour, 300 à 400 à horizon 2012) comparés aux besoins annuels estimés en dizaines, voire centaines de milliards de dollars. L’incapacité de la conférence à augmenter les sources de financement a provoqué une vive amertume du Sud.
FORETS
– Les efforts de lutte contre la déforestation et la dégradation (20% des émissions mondiales) et en faveur du maintien des forêts et plantations seront désormais pris en compte. La conférence a donné son accord à des travaux de méthodologie, permettant d’établir des scénarios de référence afin de rendre ces efforts comparables et mesurables.
 

Si personne n’attendait de résultat spectaculaire, le rendez-vous polonais, qui a rassemblé plus de 12.000 délégués, a pâti de l’incertitude sur l’adoption du plan européen et de l’intermède présidentiel américain, les Etats-Unis étant représentés pour la dernière fois par l’administration Bush, qui a toujours refusé tout accord multilatéral contraignant. Faute d’interlocuteur déterminé, les pays du sud, les plus vulnérables aux dérèglements climatiques, sont repartis amers et frustrés par le manque d’engagement financier des pays industrialisés en leur faveur, alors que rien qu’en mesure d’adaptation, leurs besoins sont estimés en dizaines de mds USD/an par l’ONU.
Le Gabon, parmi d’autres, a exprimé leur „crainte d’être bernés“ par les pays riches et appelé ces derniers „à réduire la fracture de plus en plus grande entre les deux blocs“. „Symboliquement, ce signal de non-coopération va peser sur les esprits en 2009“, a estimé un délégué européen. Néanmoins, les Etats repartent avec un calendrier et un programme de travail pour les douze prochains mois. „Ici on négociait les chances de réussir à Copenhague. C’est le rythme des négociations sous l’égide de l’ONU: leur force c’est le consensus, leur faiblesse, la lourdeur. C’est frustrant pour les opinions publiques“, a reconnu la secrétaire d’Etat française à l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet. A quelques heures de sa clôture, Poznan avait été favorablement impressionnée par l’accord européen survenu à la mi-journée. Yvo de Boer, le plus haut responsable des Nations unies pour le climat, a salué un signe „de détermination et de courage“: „Cela contribuera à propulser le monde vers un accord fort, ambitieux et qui pourra être ratifié à Copenhague en 2009“.
Et pour John Kerry, le président de la Commission des affaires étrangères du Sénat américain délégué à Poznan par le futur président Barack Obama: „L’Europe nous dit à tous aujourd’hui: On peut le faire, voici comment“. Le chef de la délégation chinoise à Poznan, Su Wei, a également remarqué „un pas positif: c’est important que l’UE continue de faire preuve de leadership, même si sa position s’est un peu affaiblie depuis 2007“, a-t-il déclaré à l’AFP.
Arrivé dans la dernière ligne droite vendredi à la conférence, le prix Nobel de la Paix, Al Gore, a dopé son auditoire en jugeant que „les raisons d’espérer et d’être optimistes (étaient) plus importantes que les raisons de douter et d’être découragés“.
„Oui, nous pouvons le faire!“ a-t-il lancé sous les applaudissements en reprenant le slogan de la campagne Obama: „Yes we can!“. Le futur traité de Copenhague devra déterminer la part d’efforts de chacun, pays industrialisés et en développement. A ce jour, seuls les 37 pays industrialisés (tous, sauf les Etats-Unis) qui ont ratifié le Protocole de Kyoto sont soumis à des contraintes de réduction de leurs émissions polluantes sur la période 2008-2012. Plusieurs personnalités, dont le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki moon, Al Gore et John Kerry, ont souhaité que d’ici Copenhague les chefs d’Etat s’impliquent dans la lutte pour le climat.