Chute mortelle d’une hôtesse : Air France relaxée, un ex-agent de piste condamné

Chute mortelle d’une hôtesse : Air France relaxée, un ex-agent de piste condamné

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Le tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne) a relaxé vendredi la compagnie aérienne Air France, jugée pour homicide involontaire après la chute mortelle d'une hôtesse de l'air en 2005 à l'aéroport d'Orly, mais condamné un ancien agent de piste de la compagnie.

L’agent de piste, qui conduisait l’escalier sur lequel se trouvait l’hôtesse au moment de l’accident, a été condamné à un an de prison avec sursis. Sur le plan civil, Air France et l’agent de piste devront verser solidairement 75.000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime, au titre des dommages et intérêts.
Dans son réquisitoire, le procureur avait demandé entre 80.000 et 100.000 euros d’amende à l’égard de la compagnie aérienne, coupable selon lui de „fautes de nature réglementaire“, et six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende contre l’ancien agent de piste. „L’existence d’un lien de causalité entre l’absence de règles claires et précises de répartition des compétences entre le personnel navigant et le personnel au sol et l’accident (…) n’est pas établi“, a estimé le tribunal a propos d’Air France. L’agent de piste, en revanche, a „commis une faute de négligence en manquant délibérément à une procédure interne de sécurité“ en retirant l’escalier sans en avoir reçu l’autorisation, selon le tribunal. Le 1er février 2005 au matin, l’hôtesse de l’air avait chuté d’un escalier autotracté après le débarquement par l’arrière de l’avion des passagers d’un vol Air France Biarritz/Orly, la passerelle avant étant utilisée pour l’évacuation d’un passager victime d’un malaise. Elle était morte à l’hôpital des suites de ses blessures.
L’agent de piste, 34 ans, avait été mis à pied quelques jours après l’accident et licencié par la compagnie aérienne pour „faute lourde“ deux mois plus tard, en avril 2005. Un licenciement pour lequel une procédure est en cours aux prud’hommes.
La décision du tribunal revient à dire qu’un employeur „peut faire porter l’ensemble de la chaîne de responsabilités d’un accident du travail sur un seul salarié“, a regretté le syndicat Sud aérien à l’issue du jugement. „Dans la lutte du pot de fer contre le pot de terre, c’est une fois de plus le pot de fer qui gagne“, a-t-il ajouté. Mise en examen tardivement dans ce dossier, Air France avait toujours soutenu que la responsabilité de l’accident incombait entièrement à l’agent de piste. L’agent, de son côté, avait reconnu n’avoir pas regardé l’escalier au moment de la manoeuvre, mais avait affirmé avoir reçu l’autorisation de le déplacer de la part d’une collègue de la victime. Une autorisation que cette hôtesse a toujours contesté avoir donnée. Au cours de son réquisitoire, le procureur Dominique Gaillardot avait estimé que l’agent de piste avait effectivement commis une faute, mais que celle-ci „n’éclipsait pas“ la responsabilité de la compagnie aérienne. M. Gaillardot avait ainsi dénoncé un „manque de précision“ dans les règles régissant la transmission d’informations entre le personnel au sol et le personnel navigant et l’utilisation d’un „matériel non-conforme“, en l’occurrence un escalier autotracté à la visibilité très réduite et dépourvu d’alarme de recul.
Depuis, plusieurs améliorations ont été apportées aux escaliers afin de permettre une meilleure visibilité arrière ou de pouvoir détecter la présence d’un personne sur la plate-forme.