Bolivie/L’espoir de pacification en Bolivie ne tient qu’à un fil

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L'espoir de pacification en Bolivie ne tenait qu'à un fil dimanche après les violences dans le pays, où le président Evo Morales a renforcé la présence de l'armée dans les régions tenues par l'opposition, qui a menacé de rompre le dialogue en cas de nouvelle victime.

 Les gouverneurs des cinq provinces rebelles ont accepté, à cette seule condition, d’envoyer leur porte-parole, Mario Cossio, gouverneur de la région de Tarija (sud), reprendre des négociations au palais présidentiel de La Paz, après des affrontements qui ont fait 18 morts et une centaine de blessés. Ces provinces riches rejettent le projet de Constitution socialiste et le projet de réforme agraire que M. Morales, premier président amérindien, veut faire adopter par référendum dans ce pays de 10 millions d’habitants, le plus pauvre d’Amérique du sud. „Malgré les conditions précaires, nous faisons tout notre possible pour poursuivre le dialogue et espérons que le gouvernement n’ajoutera pas des élements causant encore plus d’incertitude“, a déclaré M. Cossio, le visage grave, lors d’une déclaration commune. „S’il y a un seul mort, un seul blessé, ce sera la rupture de toute possibilité de dialogue“, a averti Ruben Costas, son collègue de Santa Cruz (est), où se tenait la réunion des gouverneurs. Cet ultimatum n’a toutefois guère de chance de mettre fin à la confusion qui règne en Bolivie où l’état de siège, instauré par le président Evo Morales dans la région de Pando (nord) et décrié par les gouverneurs, n’a pas permis d’enrayer la vague de violence. Des bandes armées ont multiplié les accrochages avec les forces de l’ordre dans cette région amazonienne de 70.000 habitants, où les accès étaient coupés. L’armée y a renforcé ses effectifs pour déloger des groupes radicaux des bâtiments publics et mettre fin aux pillages. Chef de file de la gauche anti-américaine, son allié vénézuélien Hugo Chavez a même reproché à certains militaires boliviens de rester les „bras ballant“, exhortant l’armée à réaffirmer son soutien à M. Morales. La veille, des affrontements avaient opposé à coup de barres de dynamite des paysans fidèles à M. Morales et des militants autonomistes, faisant un blessé grave à Tiquipaya, dans la région de Santa Cruz. La crise a ravivé les tensions ethniques dans ce pays fracturé entre les partisans du chef de l’Etat, en majorité des paysans pauvres des Andes, et la population métisse ou blanche qui vit dans les plaines de l’est et du sud où sont concentrées les terres fertiles et les hydrocarbures. Loin d’apaiser le climat, le chef de l’Etat a galvanisé samedi soir ses partisans, les appelant à „mourir pour la patrie“ et dénonçant une tentative de „coup d’Etat fasciste et raciste“. „Ils peuvent bien faire tomber l’Indien, mais le peuple bolivien, le peuple révolutionnaire, ne va pas tomber. Il faut défendre le changement à tout prix“, a-t-il clamé lors d’un grand rassemblement à Cochabamba, dans le centre du pays.
Elu en 2006, cet ancien planteur de coca de 48 ans a aussi ravivé les hostilités avec les Etats-Unis, qu’il a accusés d’orchestrer les troubles, justifiant ainsi l’expulsion de leur ambassadeur, Philip Godberg, appelé à regagner dimanche son pays. Seule note positive, les chefs d’Etat de la région se sont engagés à tout faire pour désamorcer la crise, lors d’une réunion extraordinaire de l’Union des Nations sud-américaines (Unasur) prévue lundi au Chili. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, attendu à Santiago, a exhorté tous les Boliviens à faire des efforts pour parvenir à la paix. „Si nous prenons une décision et qu’aucune des parties ne la respectent, la réunion ne servira à rien“, a-t-il averti.