Allemagne : 60 ans de République

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L’Allemagne a réélu samedi son président de la République, le conservateur Horst Köhler, et célébré les 60 ans de la République fédérale avec un patriotisme décomplexé. Mais les deux événements pourraient être éclipsés dans l’après-midi par la dernière journée de la saison de Bundesliga.

Premier rendez-vous électoral d’une année politique chargée, avec en point d’orgue des élections législatives en septembre, l’élection du nouveau locataire du Château de Bellevue n’a qu’un faible enjeu politique : le Président allemand est cantonné à un rôle honorifique et ne dispose pas du pouvoir exécutif, dévolu à la chancelière. Les médias accordaient samedi une large place à ce scrutin et au soixantenaire de la constitution, symbole du redressement de l’Allemagne après la catastrophe du nazisme et la défaite de 1945. Cette Allemagne démocratique est devenue la première économie d’Europe et la troisième dans le monde. Mais les deux événements pourraient être éclipsés dans l’après-midi par la dernière journée de la saison de Bundesliga.
Réunis au Bundestag, 1.223 parlementaires et représentants de la société civile ont réélu à la majorité absolue et au premier tour, par 613 voix, le président sortant, pour un second et dernier mandat de cinq ans.
Cet ancien directeur du FMI, né sur le territoire de l’actuelle Pologne, âgé de 66 ans, a bénéficié des voix des libéraux du FDP, avec lesquels Mme Merkel espère pouvoir former un gouvernement après les législatives de septembre.
Face à lui, la candidate défaite social-démocrate Gesine Schwan, 65 ans, une personnalité indépendante qui avait essuyé durant sa campagne de nombreuses critiques après avoir refusé de dire que l’ex-RDA n’était « pas un État de droit », a totalisé 503 voix. Le parti d’extrême-gauche Die Linke présentait également un candidat, l’acteur Peter Sodann, qui a recueilli 91 voix et les néo-nazis (NPD et DVU) n’ont totalisé que quatre voix. À deux pas de la coupole du Bundestag, autour de la Porte de Brandebourg, des centaines de milliers de personnes étaient attendues pour souffler les 60 bougies de la constitution de la République fédérale, devenue il y a vingt ans celle de l’Allemagne réunifiée. Toute la journée et une grande partie de la nuit, des animations, des lectures et des concerts devaient se succéder à Berlin. Des festivités sont également organisées dans toutes les grandes villes allemandes. Tous ne sont pas à la fête : un millier de contre-manifestants d’extrême-gauche sont attendus pour une « parade antinationale » dans le centre de Berlin. « Les Allemands ont une raison d’être heureux du soixantième anniversaire de la constitution et de le fêter ensemble », a déclaré Angela Merkel avant ces célébrations. L’Allemagne, qui fêtera en novembre en grande pompe le vingtième anniversaire de la chute du Mur de Berlin, n’a plus peur du patriotisme et n’hésite plus à défendre ses intérêts nationaux. Les temps ne sont plus où le président fédéral Gustav Heinemann déclarait en 1969 : « j’aime ma femme, pas mon pays ».
« Les Allemands se détendent par rapport à leur propre nation comme jamais dans les 60 dernières années », analyse Eugène Buss, sociologue à l’université Hohenheim. « 60 % sont fiers d’être allemands. Pour 80 % d’entre eux l’amour de la patrie est désormais quelque chose de typiquement allemand », poursuit-il dans le Westdeutsche Allgemeine Zeitung.