AIEA: six ans à étudier le nucléaire iranien mais à l’écart à Genève

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L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont l'attitude sur le programme nucléaire iranien a été contestée, sera réduite au rôle de spectateur à distance de la rencontre entre Téhéran et les cinq pays du Conseil de sécurité de l'ONU plus l'Allemagne, jeudi à Genève.

Après quatorze mois d’impasse, l’Iran reprend ainsi le dialogue avec les Etats-Unis, la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Mais, comme par le passé, cette réunion se tiendra sans représentant de l’autorité nucléaire de l’Organisation des nations unies. Pourtant, les travaux de l’AIEA sont au coeur du jeu d’échecs que se livrent les grandes capitales occidentales et Téhéran sur la véritable nature du programme nucléaire iranien, militaire comme le soupçonnent les Occidentaux ou purement pacifique comme le martèle l’Iran. En 2003, des inspecteurs de l’agence, déjà sous la direction de l’Egyptien Mohamed ElBaradei (prix Nobel de la Paix en 2005 avec l’AIEA), avaient décelé pour la première fois des traces d’uranium enrichi dans le site nucléaire de Natanz, matériau que Téhéran avait omis de signaler dans son inventaire nucléaire adressé à l’agence à Vienne. Il s’agissait pourtant d’une obligation en vertu du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), signé par l’Iran. C’est un mouvement d’opposition au régime iranien, les Moudjahidine du Peuple, qui avait révélé l’existence de la centrale de Natanz. L’uranium enrichi sert de combustible pour les centrales nucléaires, mais entre également, à un degré d’enrichissement très élevé, dans la fabrication de la bombe atomique.
Cependant, l’agence onusienne n’avait pas été en mesure de conclure à l’existence d’un programme nucléaire militaire. Six ans plus tard et après une longue série d’autres missions d’inspection, l’AIEA, dans son dernier rapport publié fin août, n’arrive toujours pas à trancher entre une éventuelle volonté iranienne de se doter d’une bombe atomique ou celle de se limiter à la production d’électricité. Même les inspections inopinées acceptées par Téhéran entre 2003 et 2005, en vertu du protocole additionnel au TNP, également signé par les Iraniens, n’ont pas permis de définir avec certitude la nature du programme nucléaire iranien. „L’AIEA a un rôle-clé sur ce dossier“ et doit „obtenir de l’Iran des réponses claires par oui ou non, des réponses noir ou blanc plutôt que le gris habituel“, estimait mardi un diplomate occidental proche de l’AIEA, sous couvert d’anonymat.
Les critiques se sont en effet récemment multipliées contre l’Agence, Paris allant jusqu’à l’accuser d’avoir dissimulé des documents susceptibles de prouver le caractère militaire des plans nucléaires iraniens, ce que l’AIEA a récusé. Car le régime islamique, malgré trois séries de sanctions imposées par le Conseil de sécurité et l’injonction de celui-ci de cesser toute activité d’enrichissement d’uranium, continue à défier les Occidentaux et poursuit parallèlement des essais de missiles. En attendant les conclusions de l’AIEA, les services de renseignements des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne, ont, eux, déposé à l’agence un dossier sur la construction d’un second centre d’enrichissement d’uranium, près de la ville sainte de Qom (160 km au sud de Téhéran), comme l’a révélé le président américain Barack Obama le 25 septembre. Les Iraniens eux-mêmes, à l’approche du rendez-vous de Genève, avaient fini par notifier cette construction à l’AIEA et vont proposer un calendrier d’inspection du site par des experts de l’agence onusienne, inspection que Washington souhaite „immédiate“.