Afghanistan: 12 morts dans une attaque à l’ouest, à 3 semaines des élections

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Au moins 12 personnes, dont dix civils, ont été tuées et 29 blessées par l'explosion d'une bombe lundi à Herat, la grande ville de l'ouest afghan, dernier épisode de la vague de violences qui secoue le pays à moins de trois semaines de l'élection présidentielle.

La bombe, dissimulée dans une poubelle en bord de route a explosé vers 08H00 (03H30 GMT) à l’heure d’affluence dans un quartier du centre ville, selon le chef de la police provinciale, Noor Khan Nikzad. Elle visait un convoi de police, et a été déclenchée à distance à son passage, a-t-il précisé. „12 personnes ont été tuées dont une femme, un enfant et deux policiers. 29 personnes ont été blessées, dont une femme, une fillette et deux policiers“, a-t-il ajouté.

„Nous avons reçu ici 29 blessés et 12 cadavres à l’hôpital. L’état de certains blessés est très grave“, a confirmé le docteur Barakatullah Mohammadi, de l’hôpital d’Herat. Un porte-parole des talibans, Yousuf Ahmadi, a revendiqué l’attaque auprès de l’AFP. Des telles attaques dans la région, qui n’est pas un bastion des talibans même s’ils y sont présents, sont également parfois commises par des groupes criminels qui se disputent le contrôle du commerce local. Un correspondant de l’AFP dans la ville a entendu une énorme explosion, suivie de coups de feu tirés par la police.

Sur le lieu de l’attentat, il a pu voir des voitures de police et des taxis endommagés, dont les conducteurs ont été tués selon des témoins, des chaussures d’enfants et une burqa de femme au sol. A moins de trois semaines des élections présidentielle et provinciales du 20 août, les violences atteignent des niveaux inédits en Afghanistan depuis que les talibans ont été chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition internationale menée par les Etats-Unis. Les forces étrangères ont essuyé en juillet des pertes records depuis 2001, avec 75 soldats tués, et la tendance se poursuit en août, 9 soldats étrangers ayant été tués samedi et dimanche. Les civils afghans restent toutefois les principales victimes du conflit: plus de 1.000 d’entre eux ont été tués de janvier à juin, soit 24% de plus que sur la même période de 2008, selon l’ONU. Cette flambée de violence fait craindre que les électeurs soient découragés de se rendre aux urnes, posant ainsi le problème de la crédibilité du scrutin.

Et les talibans ont appelé la population à boycotter les élections et à prendre les armes contre les „envahisseurs“ étrangers. Le président sortant Hamid Karzaï, qui brigue un nouveau mandat, invite depuis plusieurs années les groupes rebelles à déposer les armes. Résumant la nouvelle position occidentale sur le sujet, le nouveau secrétaire général de l’Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen, s’est dit samedi prêt à engager un dialogue avec des talibans modérés „pour tenter de créer une forme de réconciliation de la société afghane“. Mais les talibans ont toujours refusé, estimant que des négociations ne pourraient s’ouvrir qu’après le départ des troupes étrangères du pays et la démission de M. Karzaï. Ce dernier a annoncé récemment un cessez-le-feu avec des talibans dans un district de la province plutôt calme de Badghis (nord-ouest), voisine d’Herat. L’accord ne concerne néanmoins qu’un des sept districts d’une des 34 provinces du pays. Et la stratégie de la négociation au cas par cas ne fait pas l’unanimité.

„Si vous engagez la conversation partiellement, vous obtiendrez des résultats partiels. Nous devons avoir un processus politique qui implique toutes les parties. C’est la seule façon de mener ce conflit à son terme“ sinon „cela ne fonctionnera pas“, a estimé dimanche l’envoyé spécial de l’ONU en Afghanistan Kai Eide.