Voués aux gémonies

Voués aux gémonies

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"Il paraît qu’on est voués aux gémonies", constate le député Jacques Myard, l’un des quatre élus français (PS, UMP, UDI) à s’être rendu à Damas pour un entretien avec Bachar el-Assad.

Mission officieuse, aussitôt fustigée par l’Elysée, d’autant que les émissaires contestent la politique française à l’encontre de la Syrie. Le sujet est des plus intéressants puisque nul ne semble plus avoir le droit de la libre pensée quand il y va de la politique internationale telle qu’elle est définie par le pays le plus nul en la matière, à savoir les Etats-Unis.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Car s’il y a bien un coupable, responsable du chaos au Moyen-Orient, c’est Washington et les locataires de la Maison Blanche. Le suivisme européen en la matière, illustré par la chancelière allemande, ainsi que le revirement français depuis le départ de Jacques Chirac, sont d’autant plus désolants.

Ne pourrait-on plus avoir la possibilité de considérer, sans être accusé de complicité, qu’entre deux terribles maux, il y a le mal et le moindre mal? Du moins qu’on a compris que nos „nobles“ valeurs démocratiques ne sont pas exportables en les transposant „un sur un“?

Le régime de Hafez el-Assad fut celui d’une dictature dure. Il y eut, à sa disparition, une réelle marge de manœuvre pour aider son jeune fils à opérer une mue. Chance non saisie, puisque la communauté internationale, tout en le courtisant, l’a laissé se débrouiller seul avec le parti unique et avec les partisans de la ligne dure, jusqu’à ce qu’il soit complètement dans leurs griffes. Cela ne nous autorise pas à taire que sous Bachar, les coptes vivaient en paix. Désormais, ils sont la proie de piètres hordes islamiques fanatisées que ni les Rafale ni les F16 ne parviennent à éliminer.

Oui, le président syrien a beaucoup de morts sur la conscience. Comme chaque dirigeant dont l’armée est en guerre. Et s’il est complice d’usage d’armes chimiques, il devrait payer.

Devrait, car quand donc ont payé ceux qui ont des massacres infiniment plus graves sur la conscience depuis fort longtemps? Deux poids, deux mesures? Telle est la leçon de l’histoire.

Al-Qaïda, Daech: la peste des temps modernes. Reste à dire haut et fort un jour qui les a formés, financés, poussés pour des raisons de géostratégie et de géoéconomie. Qui donc?

Les puristes seront évidemment choqués de ce propos sur leur piédestal d’intellectuels. Peut-on préférer el-Assad à la République islamique (EI)? Ou feu Kadhafi aux guerres tribales et religieuses sanguinaires de l’actuelle Libye?

Oui, du moins si l’on ne veut pas finir sous le joug de fous furieux qui se croient investis d’une mission suprême, c’est-à-dire mettre sous une chape de plomb tous ceux qui défendent les libertés individuelles et collectives.