Vingt ans après … aussi

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Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

A juste titre, la presse a mis en évidence la maîtrise – parfois de dernière minute – des acteurs politiques impliqués au moment du démantèlement du rideau de fer suivi, le 9 novembre 1989, de la chute du Mur de Berlin.

Le même constat vaut pour la suite à court terme, l’implosion du régime soviétique, la réunification allemande, la transition dans la plupart des anciens pays du Pacte de Varsovie. Et nombreux furent les citoyens, en Europe et ailleurs, qui crurent en des lendemains enchanteurs, faits de joie et de bien-être généralisés.

Ce qui advint quelque deux à trois ans après la date symbolique du 9 novembre, fut tout à fait autre chose. Car plutôt que de se saisir d’une opportunité historique, les politiques échouèrent en continuant comme si de rien n’était, pis, ils ont renoncé peu à peu à leurs prérogatives cédées sans autre contrepartie que des recettes fiscales, au monde financier et aux chantres de l’ultralibéralisme économique.

Vingt ans après, nous voici en train de payer les pots cassés sans pour autant débattre publiquement du changement de cap pourtant inévitable car indispensable.
Les grands discours et les effets de manche ont fait leur temps. Les populations se lassent de la politique bling-bling au service des privilégiés quand le chômage augmente, lorsque les jeunes ne trouvent plus d’emploi à la sortie des écoles et universités, quand le niveau de vie est menacé alors que les prix restent au même niveau et lorsque la pauvreté n’est plus un phénomène marginal.

Quel système, pour qui?

Vers quelle société tendons-nous? Telle est la question taboue. Taboue dans la mesure où elle rend mal à l’aise nos gouvernants européens qui seraient contraints – s’ils étaient honnêtes – d’avouer que le sauvetage de quelques grandes banques par le denier public n’a en rien guéri un système financier malade et malsain, qu’il n’a pas aidé à la relance dans la mesure – et à quelques exceptions près – où ces mêmes instituts n’aident pas les PME/PMI frappées de plein fouet par la crise et facilitent moins encore la vie des particuliers.
Taboue aussi parce que ces politiques devraient avouer qu’à défaut de changement radical, c’est à nouveau vers une société à deux classes que nous allons, société dans laquelle une élite mieux formée que jamais sera en haut d’une pyramide dont le socle sera formé par le plus grand nombre, pur produit d’une instruction publique insuffisante et d’une éducation défaillante, car tout en surface.

Plutôt que de regarder la vérité en face, on préfère de toutes parts s’inspirer du Vatican, lequel, à une certaine époque, obligeait les artistes à recouvrir de feuilles de vigne les sexes et masquer ces seins que l’on ne saurait voir …
La politique – quelle banalité, n’est-ce pas? – est au service du peuple. Son action n’est pas l’apanage de chapelles et les fruits ne sont pas réservés à une caste.
La démarche serait du reste explosive.

La pauvreté n’est pas acceptable; elle engendre une légitime colère qui produit nécessairement un contexte explosif. Le partage, fût-il partiellement injuste et forcément nivelé en fonction des efforts et investissements consentis, est un dû. Quoi qu’en pensent les Barroso, Goldman Sachs et autres opportunistes de la planète qui, soit dit en passant, oublient qu’en termes d’histoire, ils ne sont que des étoiles filantes, comme tout un chacun.

Quelle société demain? Comment et par quels moyens? Les réponses sont à donner par les Obama, Merkel, Sarkozy et Brown qui n’ont pas été élus pour déposer des gerbes, passer des troupes en revue, ni pour accommoder les grands événements à leur sauce dans un souci de communication.

Si dans des pays européens riches, des Restos du cœur ou des épiceries solidaires doivent se substituer aux Etats, si faute de travail ou d’emploi correctement rémunéré on en arrive à pareilles extrémités et quand on sait que pendant des décennies encore l’Afrique n’arrivera pas à nourrir les siens, on ne peut que constater la faillite politique de l’après-chute du Mur de Berlin, nonobstant les belles fêtes