Un travail de titan

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L’Europe que les Vingt-Sept, secondés par une Commission qui fait systématiquement fausse route, nous préparent, est loin de l’idée que nous nous en sommes faite pendant des années et des années.

Elle n’est pas au service du citoyen dont elle ne connaît plus les aspirations ni les problèmes à vivre décemment dans un environnement économique de plus en plus onéreux. Pas étonnant qu’elle n’ait finalement pas réussi grand-chose, si ce n’est étrangler les classes moyennes.

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu

Le G-20 fut un échec. La crise financière a certes été maîtrisée, mais au seul profit des banques. Le trop de rigueur imposée à la Grèce est insupportable, l’Irlande va mal et le Portugal est devenu un cas tout aussi désespéré. Les Etats membres qui échappent encore à la tourmente ne peuvent en aucun cas s’en vanter. Car leurs populations souffrent et plus les portefeuilles se vident, plus les prix, les taxes et les cotisations augmentent. On est loin du modèle européen qu’un Delors voulait installer.

Si au moins l’Union européenne gagnait en crédibilité par ailleurs …

Non, hélas!

Faute de traité constitutionnel et à cause du pitoyable traité de Lisbonne, l’UE s’est politiquement appauvrie. Une présidence tournante, un président pâlâtre du Conseil, un président faiblissime de l’exécutif, une „cheffe“ de la diplomatie inexistante: voilà pour le boulot. Pas de quoi se taper sur l’épaule.

Décadence

Jamais auparavant, l’Europe ne fut dirigée, au niveau de ses Etats membres, par des personnalités aussi contestables et contestées qu’à l’heure actuelle. Et, bien sûr, l’ensemble en pâtit.

Aucun de ces messieurs dames ne s’était gêné à courtiser les dictateurs et autocrates qui pullulent sur la planète. Aucun donc n’avait pressenti le printemps arabe. Certains ont su réagir plus vite que d’autres. D’aucuns se sont carrément ridiculisés. L’Union fut absente, contrairement aux autres grandes puissances, à commencer par les Etats-Unis d’Amérique.

Alors, aujourd’hui, force est de se rattraper.

Parce qu’elle a des élections et se trouve en mauvaise posture, la chancelière allemande joue les saintes-nitouches. Elle assiste aux réunions et figure en bonne place sur les photos, mais refuse d’être une dame guerrière. Son homologue et collègue français a une autre élection en perspective. Au plus bas dans les sondages, il essaie de se refaire une santé politique en menant „la croisade“ (dixit Claude Guéant) en Libye. Une intervention tardive, périlleuse et désormais disproportionnée.

Aucun des dirigeants n’a su maîtriser le drame japonais. Une fois encore, les élections les obligent à toutes les compromissions. Pendant que le Japon se tourne déjà vers sa construction avec énergie et pragmatisme, les Européens ont peur de dire la stricte vérité à leurs concitoyens. A savoir, qu’il n’y a, à moyen terme, nulle échappatoire au nucléaire.

Bref, l’Europe a besoin d’être reconstruite, de fond en comble: sur le plan politique, sur le plan économique, sur le plan social.

Mais où trouver ceux qui seraient aptes à affronter pareil défi?