Trop de bruit(s)

Trop de bruit(s)

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La désinformation est un métier qui se porte mieux que jamais.

Alors que la plupart des grands médias, quotidiens en tête, peinent à financer des rédactions capables de bien couvrir l’actualité, les gouvernements, administrations, institutions, partis politiques, entreprises de tout genre, consultants, experts, lobbyistes et autres acteurs de la vie publique et entrepreneuriale disposent de moyens sans cesse croissants.

Ces moyens ne se limitent pas aux ressources humaines. Ils incluent la possibilité de refuser de répondre aux requêtes des journalistes „trop curieux“: le droit à l’information juste et complète n’existe pas, ni dans le secteur public ni dans le privé. On n’imagine pas le nombre de communiqués savamment construits que les communicateurs professionnels préparent à l’attention la presse, dans le sens large.

Nous sommes arrivés au stade où il est parfaitement possible de produire un journal sans journaliste: des retoucheurs de copie vous transforment la matière première livrée par les services com’ et les agences en articles prêts à l’impression ou à la diffusion, notamment sur le web. Vous achetez ça à bas prix; vous pouvez même vous faire tailler sur mesure vos bulletins d’info, en prenant soin d’écarter les catégories de matières qui ne vous intéressent pas.

Devant cette évolution, foudroyante grâce à la complicité naïve des gens „qui n’ont plus le temps de lire“, la tentation est-elle grande dans les maisons de médias imprimés, en ligne et audiovisuels, de réduire les effectifs des rédactions. Dans une économie de marché, toute entreprise, y compris celles du secteur de l’information générale, doit satisfaire la demande nouvelle, n’est-ce pas, si elle veut survivre.

Il peut paraître paradoxal que cette tendance à la simplification outrancière des contenus s’accélère à un moment où les canaux de diffusion s’élargissent tout en se multipliant, de manière à permettre l’instantané permanent et omniprésent. Combien de fois par jour la fonction „push“ du portable n’interrompt-elle pas le travail, la réflexion, la pause, la discussion, l’amour même, pour un futilité, sans réelle valeur ajoutée?

Tout devient infotainment (parlons moderne!), fort distrayant; on s’habitue à consommer les „news“ telles quelles; c’est un flux continu, coulant de source, un flux dont le bruit, le trop de bruits fait son oeuvre pernicieuse en noyant l’information nécessaire sous un flot de „stories“ passe-partout, détournant l’attention de l’important.

Ce détournement pour ainsi dire automatique de l’attention par les bruits de la pseudo-information arrange bien entendu les maîtres de la désinformation voulue, orchestrée à des fins politiques, religieuses, économiques. Ils parviennent de plus en plus souvent à créer la méga-confusion dans les têtes, sur les responsabilités politiques, sociales et morales, sur les objectifs et les enjeux, sur les „bons“ et les „mauvais“ …

Juncker, Merkel, Schäuble et les autres tueurs du renouveau grec agissent-ils au nom des Européens, comme ils le prétendent? Les Russes et Poutine sont-ils les premiers et seuls coupables de l’horrible guerre européenne en Ukraine, comme l’assènent mille et un médias?

Ô citoyen prends garde. Rappelle-toi que le vrai savoir, et l’information en est un, vaut son prix, en termes d’argent et de temps.