Solidarités

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En ce jeudi, 18 octobre 2012, en Conseil européen à Bruxelles, la chancelière allemande préconise qu’un commissaire européen contrôlerait les budgets nationaux et que l’UE pourrait par le suite les rejeter s’ils ne répondaient pas aux exigences européennes.

La même dame se montre plus réticente quand il s’agit de communautariser les dettes et que les plus aisés des pays paient pour ceux qui souffrent le plus.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Elle est, et cela compte, déjà en campagne électorale. Mais elle exprime également un sentiment latent des populations européennes, chacun essayant de tirer son épingle du jeu, peu importe ce qui se passe chez le
voisin.

La montée des populismes et des régionalismes, voire des exigences d’indépendance (Catalogne, Ecosse, etc.), montrent que nos sociétés occidentales sont confrontées à un double problème de solidarité.

La morale politique et personnelle

Sur un plan strictement privé, la morale personnelle veut que l’on soutienne – à la rigueur – ceux qui sont des proches. Quant il y va du voisin, c’est beaucoup moins le cas et dès qu’il est question de renoncer au profit de la cohésion et de l’intérêt national et donc de la collectivité, on râle, on se regroupe en lobbies, on joue la confrontation sans s’apercevoir que c’est un piège terrible dans lequel on se perdra forcément soi-même. Tôt ou tard.

Il n’en va guère autrement de la morale politique, elle aussi en régression. Les débats en commission parlementaire jeudi, l’appréciation portée sur les revendications syndicales, si ce n’est le mépris témoigné publiquement à l’encontre de l’action syndicale (manifestations de mardi), en disent long sur la perte du sens des réalités des élus.

La morale juridique

Incapacité de résister aux groupes de pression, surdité face aux arguments des économistes les plus pointus qui préconisent depuis un bon moment qu’il est temps de demander aux créanciers des Etats de reporter, voire annuler certaines dettes publiques, méconnaissance totale de la situation réelle de ceux qui, entre 1.500 et 3.000 euros, doivent payer des loyers, se chauffer, se nourrir, élever et éduquer des enfants correctement, payer des cotisations de plus en plus élevées pour percevoir des services toujours moindres. „Besserwisserei“: voilà en résumé la morale politique ambiante.

Pourtant, parallèlement, la morale juridique évolue, notamment au sein de l’Union européenne.

Pourquoi?

Parce que le gros oeuvre existe, que l’intégration se poursuit, y compris en termes de solidarité européenne. Etant entendu cependant, que les peuples qui composent l’Union n’en ressentent pas les effets à cause de la dégradation ambiante au quotidien.

Face à ces contradictions, il n’est pas aisé d’être optimiste, alors qu’il faudrait l’être. Mais comment expliquer à des hommes et des femmes qui souffrent, ailleurs, à ceux qui sont angoissés, chez Mittal, Luxguard, Cargolux, etc., comment dire à ceux qui, jour après jour, font le constat du recul sociétal ou des entraves aux libertés (nous n’aurons bientôt plus que des devoirs) que l’Europe est un progrès et que des lendemains meilleurs nous attendraient?

Quand donc le fameux peuple réagira-t-il, enverra-t-il balader les „omniscients“ qui nous gouvernent? Quand cessera-t-il de suivre le mouvement, telles des chèvres en transhumance?

Le jour où il comprendra que l’absence de morale politique et personnelle est à la racine des maux.