Pour pouvoir juger, il faut connaître les tenants et les aboutissants d’un dossier. Ainsi ne suffit-il pas d’avoir voyagé une fois dans un pays et encore moins d’y avoir passé des vacances pour prétendre le connaître.
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Exemple: combien de touristes ont défilé ces dernières années en Tunisie ou en Egypte sans rien voir venir? Combien de voyagistes ont continué à proposer des tours-raids en Libye la veille des premières manifestations?
Ce qui s’applique aux citoyens lambda, s’applique également aux journalistes.
Certes, le régime de Laurent Gbagbo n’avait rien de reluisant. Depuis belle lurette, la Côte d’Ivoire avait perdu le lustre qu’elle avait du temps de Houphouët-Boigny, affectueusement appelé „papa“ ou „le vieux“ par ses concitoyens, figure d’autorité et considéré comme un sage, dont le rôle au moment de la décolonisation de l’Afrique fut essentiel. C’est à lui que la Côte d’Ivoire devait son développement économique dont les exportations de cacao et de café en firent la richesse avant la chute brutale des cours de matières premières au début des années 80.
Mais Félix Houphouët-Boigny fut aussi l’un des co-artisans de la tristement célèbre Françafrique, source de toutes sortes de liens occultes et de corruptions. Et il fut acteur dans la plupart des crises politiques en Afrique.
Ennemi depuis toujours de Houphouët-Boigny, Laurent Gbagbo est arrêté en février 1992 par le premier ministre de l’époque, un certain Alexandre Ouattara. En 1995, il boycotte l’élection d’Henri Konan Bédié avant de se présenter contre Robert Guéï qui a renversé pourtant Bédié. Devenu président, il doit faire face en 2002 à l’insurrection des soldats rebelles s’opposant à la politique „d’ivoirité “. Les accords de Marcoussis (en France) lui permettront de rester en fonction. Parallèlement, la force licorne (force de paix française) est déployée pour veiller au cessez-le-feu.
Pas si clair
On le constate, le jeu de rôles est opaque et la position française une nébuleuse. La France fut l’allié inconditionnel d’Houphouët-Boigny. Elle permit plus tard à Gbagbo de rester en place. Et la voilà qui intervient militairement pour assoir Ouattara, l’ancien bras droit du „vieux“ et rival de Gbagbo.
La Côte d’Ivoire n’est pourtant pas qu’une succession de combats de chefs. Elle est aussi une terre de luttes fratricides tribales, tout comme elle est le pur produit de cette Françafrique déjà évoquée, véritable toile d’araignée de relations personnelles, politiques, économiques et militaires. Beaucoup d’argent a coulé; des marchés singuliers ont été conclus; des partis ou des hommes politiques financés.
A ce jour, nul n’a répondu à une question: pourquoi les réseaux d’influence autour de l’Elysée ont-ils changé d’avis? Parce que le président Ouattara aurait été démocratiquement élu? Simplement!
En vérité, la réponse est infiniment plus complexe. Qualifier dès lors Gbagbo „d’usurpateur“ pour tout miser sur le nouveau futur homme fort est à la fois exagéré et naïf. C’est comme si l’on pouvait croire que les probables successeurs du psychopathe Kadhafi seraient des anges, alors qu’ils furent ses alliés et complices des années durant.
Bien malin celui qui voit clair dans ces histoires qui ont toutes une si longue histoire, avant tout faite de complicités et de silence pesant.
De Maart

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