Péril en la demeure

Péril en la demeure
(AFP)

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Nos voisins français manqueraient-ils soudain collectivement d’assurance? Les événements et incidents de ces trois dernières semaines sont la preuve d’un malaise profond au terme duquel les valeurs démocratiques de la République pourraient être mises en péril.

Deux phrases nous ont marquées: celle de l’ancienne „night clubeuse“ devenue égérie des catholiques intégristes, Mme Frigide Barjot (son nom „d’artiste“) et celle du cardinal-archevêque de Paris, André Vingt-Trois. Commençons par ce dernier. En résumé, l’homme en pourpre dit ne plus compter sur l’Etat pour prendre en compte les intérêts de l’Eglise. Voilà qui est hautement intéressant dans une république officiellement laïque et un pays où la séparation de l’Etat et de l’Eglise est un acquis, si l’on oublie l’Alsace.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Si tel est l’avis de Monsieur Vingt-Trois, c’est que jusqu’à une date récente, l’Etat écoutait les lobbys religieux lesquels avaient d’ardents défenseurs au pouvoir qui militaient tant sur le plan législatif national qu’européen. Désormais chahutés, certains de ces groupes de pression passent à l’offensive et leurs bras armés ne reculent plus de la violence depuis qu’ils ont opté pour une alliance pratique avec des groupuscules d’extrême droite.

Et voilà que l’on retrouve la dame barjot, alias Virginie Merle, épouse Tellenne, lui-même alias Basile de Koch avec lequel elle rédigeait jadis des discours pour Charles Pasqua tout en étant une habituée de la nuit parisienne avec une prédilection pour les cabarets gays … Cette bourgeoise catho aux airs d’écervelée a déclaré: „Hollande veut du sang. Il en aura.“ Et c’est ainsi qu’un projet de loi conçu dans un esprit de liberté et de justice, se voit devenir prétexte à une espèce de guéguerre civile.

Démons du passé

Le candidat Hollande avait indiqué qu’il régulariserait le mariage pour les couples homosexuels. Il a tenu promesse. D’ailleurs, une majorité de Français approuvait cette proposition et dès lors, le législateur est souverain.

En réalité, on assiste non pas à l’ouverture sereine et républicaine du mariage à tous, mais l’on constate une montée progressive de l’homophobie avec un passage à l’acte violent, agressif, sorte de réminiscence des années 30.

Le dossier est pourtant limpide. Les chapelles, à commencer par l’Eglise catholique, n’ont qu’à appliquer leurs règles. L’Etat, souverain, fait appliquer ses lois. Et pourquoi refuserait-il la différence? Au nom de quelle philosophie? Un couple est un couple. Qu’il soit hétéro, homo, lesbien ou mixte. D’ailleurs, suffisamment de couples hommes-femmes ne marchent pas, voire ne survivent que grâce aux convenances et arrangements pour que nul ne juge des couples de même sexe.

Vingt-Trois et Barjot, Boutin et Jacob se soucient de l’avenir de l’enfance française? Sacré programme!

Car s’il est prouvé que les enfants adoptés et élevés par des parents du même sexe ne souffrent d’aucun traumatisme, alors que d’autres élevés par des parents traditionnels qui, soit ne s’occupent pas d’eux, soit que l’on boive, se drogue ou ait d’autres vices, soit que les parents se chamaillent sept jours sur sept, sont durablement traumatisés.

Est-ce donc cette avancée qui n’est autre qu’une modeste adaptation sociétale qui justifierait la violence, les insultes, l’injure, l’atteinte au respect individuel?
Lorsqu’une frange de la population ne se soumet plus à la loi et qu’un climat insurrectionnel est créé savamment, alors la démocratie est menacée et cela est d’autant plus grave que l’affaire Cahuzac l’avait déjà rudement ébranlée. Un ministre du Budget fraudeur, c’est grave. Un élu parlementaire qui ment à l’Assemblée, c’est insensé.

Plutôt que d’opter pour l’exhibitionnisme et plutôt que de favoriser un voyeurisme malsain, François Hollande a peut-être commis une erreur:

1. Cahuzac mérite d’être poursuivi et puni;

2. le modèle de transparence à la scandinave n’est ni transposable ni nécessairement parfait;

3. les Français râlent contre les politiques riches (qu’ils admirent en cachette) tout en méprisant ceux des politiques qui n’en ont pas assez. Il en va ainsi dans les monarchies républicaines …

Espérons en tout cas que cessent rapidement ces débats stériles au goût de soufre.