Magistrale erreur

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La vidéo est diffusée ces jours-ci: en photo, un homme. Son propos: „Je jure par Dieu que nous mangerons vos cœurs et vos foies, vous les soldats de Bachar le chien.“ A l’image, Abou Sakhar, „combattant“, commandant d’une unité de la „rébellion“ syrienne.

Après la juge de La Haye, Mme Carla del Ponte, qui avait affirmé détenir des preuves que l’opposition syrienne recourait à des armes chimiques, voilà le célèbre Human Rights Watch qui dénonce un message qui „fait froid dans le dos“ et confirme que ce genre de message se multiplie en Syrie depuis deux ans.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Chacun sait que Hafez el-Assad, père de l’actuel président, était un dictateur qui écrasait toute velléité d’indépendance de son peuple. Personne n’ignorait non plus que l’Etat syrien était laïc et que les croyants, quelle que fût leur obédience, pouvaient pratiquer librement, mieux, qu’ils cohabitaient paisiblement. Lorsque le fils arriva aux affaires, malgré lui, l’étau se libéra dans un premier temps. Mais Bachar perdait du temps, par inexpérience peut-être, plus probablement parce que la Vieille garde veillait au grain et les réformes se firent au ralenti. Et bien vite, avec la complaisance états-unienne, simples aspirants à la démocratie et opposants religieux se trouvèrent et s’allièrent pour renverser le pouvoir corrompu et tant redouté, complètement contrôlé par le parti unique et l’armée.

Course à la barbarie

Depuis lors, l’opinion publique mondiale assiste à la montée en puissance de l’ignominie. Celle du camp Assad d’abord, celle desdits rebelles par la suite.

Mais, jusqu’à très récemment, la même opinion publique, soigneusement manipulée par les grands networks interposés, n’a pas vu qu’on lui rejouait une partition ancienne, celle des guerres d’Irak et celle de la guerre d’Afghanistan. Sous prétexte de vouloir en finir avec de sinistres oppresseurs, on cache habilement que ceux que l’on soutient à cette fin, sont pires encore. Plus sanguinaires, moyenâgeux, barbares.

A terme, de la Libye à l’Egypte, de Tunis à Damas, de Kaboul à Bagdad, en passant par les mosquées du Kandahar, toute une région du globe et tout un ban de la population mondiale passera sous le joug de hordes fanatiques religieuses. Les seuls à y voir clair sont les Russes, voire Poutine. Leur crédibilité est, hélas!, entachée par d’autres faux-pas et c’est bien dommage.

Moscou a détecté rapidement un danger que Washington refuse d’admettre pour des raisons de géostratégie et de géoéconomie. Naïvement d’ailleurs, car même la première puissance ne parviendra pas à dompter des fous de dieu. L’Europe, si faiblarde et si blafarde, suit fidèlement l’allié. Alors qu’avec l’énergie et la personnalité d’un feu Churchill ou feu de Gaulle, elle pourrait encore essayer de sauver l’essentiel.

Dire que certains Européens continuent de plaider pour l’envoi d’armes à la rébellion! Armes qui demain appuieront la haine contre l’Occident …

Qui se souvient encore qu’hier, Irakiens et „expats“ occidentaux vivaient côte à côte à Bagdad, se fréquentaient, se liaient d’amitié. C’était du temps du triste Saddam Hussein, oui, qui tolérait beaucoup quand on ne s’immisçait pas dans la vie politique. Oh, loin de nous l’idée de vouloir taire les massacres contres Kurdes et bien d’autres crimes inacceptables. Il n’empêche: oui, l’Irak d’antan était davantage „viable“ que l’Irak d’aujourd’hui et il n’en sera guère différemment en Syrie demain.

Le grand Sarkozy a „libéré“ le peuple libyen, il est vrai, lourdement puni pour avoir eu à subir le fou de Kadhafi. Reste que les Libyens n’ont pas eu droit à la moindre embellie. Bien au contraire … Les Printemps arabes furent applaudis et gare à celui qui se montrait hésitant et donc politiquement incorrect. Cependant où est passé l’Eté arabe?

Il serait temps que cesse le jeu hypocrite de la Syrie à libérer d’urgence. A libérer, n’est-ce pas, parce que d’aucuns veulent prendre le contrôle de la région et de ses ressources. Mais tout l’or du monde ne fera pas revivre les morts des „Twin Towers“, du marathon de Boston et qui sait de quel prochain attentat. Car rendons-nous à l’évidence: les rébellions arabes musulmanes ne sont ni des amis ni des alliés de l’Occident, ni même de l’Orient à la turque. Dans ce contexte, on notera d’ailleurs que pour la première fois, la position très spéciale et le rayonnement qu’exerçait Ankara dans la région s’effrite à son tour. Ce qui en dit long sur l’évolution en cours.