/ Le domino populiste
Dimanche dernier, ce sont les Finlandais qui ont donné presque 20% des voix à l’extrême droite. Un électeur sur cinq! Dans un pays pourtant réputé pour ses valeurs démocratiques! A une formation qui s’appelle le Parti des Vrais Finlandais. Pas besoin d’un dessin pour savoir de quoi il retourne. Il y a là les deux credos de tout ce que l’Europe compte d’intolérance: la haine de l’étranger et le rejet de l’idée européenne au profit d’un nationalisme des plus dangereux.
Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu (Bild: Tageblatt)
Ailleurs, que ce soit en Hongrie ou en Norvège, en Bulgarie ou aux Pays-Bas, en Italie ou en Belgique, bref, dans plus de la moitié des pays de l’UE, la même intolérance relève sans honte la tête et est plébiscitée par de larges pans des populations. Et si l’on en croit les tout derniers sondages en France, le Front national serait dans tous les cas de figure au deuxième tour de la présidentielle, si celle-ci avait lieu aujourd’hui.
Autrement dit, la haine de l’autre et le repli sur soi font bonne recette par les temps qui courent. A tel point que même les partis d’une droite moins musclée sont tentés d’y souscrire pour s’accrocher au pouvoir.
Qu’on le veuille ou pas, le pendule politique oscille aujourd’hui du côté de l’extrémisme de droite en Europe.
Il y a dix ans encore, lorsqu’en Autriche un certain Jörg Haider, fort de ses 27% des voix aux élections législatives, fit son entrée fracassante dans le gouvernement de Wolfgang Schüssel, l’Europe entière en fut traumatisée. Aujourd’hui, alors que le domino populiste installe un peu partout la xénophobie dans le jeu politique, pourquoi personne ou presque ne s’en offusque plus outre mesure?
Boucs émissaires
L’extrémisme de droite pullule toujours quand le mécontentement et la colère populaires sont à leur paroxysme. C’est le cas maintenant. Comme ce l’était à la fin des années 20 et au début des années 30 du XXe siècle. Avec le résultat qu’on connaît. Chaque fois que la classe politique classique n’a aucune réponse crédible à apporter au mécontentement généralisé des citoyens, un mécontentement essentiellement économique et social, ceux qui réinventent et propagent les peurs ont le vent en poupe.
Car la peur la plus facile à réveiller est celle de l’étranger. Alors que l’appauvrissement de couches de plus en plus larges de la population est dû au mépris d’un capitalisme aveugle qui ne pense qu’à ses dividendes et casse emplois et salaires, les partis d’extrême droite dévient la colère vers des boucs émissaires facilement identifiables.
Facile de dire que s’il y a du chômage, si les salaires sont bas, s’il y a de l’insécurité, c’est la faute aux immigrés. Les statistiques, les études disent le contraire? Et alors? Le populisme n’a que faire de cela. Il se fonde sur des formules creuses, faciles à comprendre. Il hait les analyses, le populisme. Il hait l’intelligence. Il sait profiter des bas instincts pour accéder aux manettes de commande.
Mais que fait-elle, l’extrême droite, une fois installée au pouvoir, incapable qu’elle est de répondre aux aspirations populaires, puisqu’elle s’accommode mieux que quiconque du capitalisme sauvage?
La réponse se trouve dans l’histoire du XXe siècle. Gare à ceux, dans la sphère politique classique, gauche et droite confondues, qui ne comprennent pas que les populations souffrent un peu partout et qu’elles ont besoin qu’on les écoute!
- Zucchinipuffer und eine Rhabarbertorte – leckere Klassiker fürs Wochenende - 12. Juni 2022.
- Sechs gute Gründe für Urlaub im Freien - 12. Juni 2022.
- Monsieur Champagne sagt Adieu - 8. Mai 2022.