/ Le choix
Ces questions sont justifiées à l’aube d’un hiver rude qui fait suite à deux années de crise qui ont laissé à l’abandon plus d’un pauvre, plus d’une personne âgée, plus d’un jeune au chômage, pourtant tous innocents de la perversion d’un système banco-boursico-financier éhonté à l’origine de faillites, de licenciements, des politiques de rigueur.
Le fait est que les privilégiés qui bénéficient de parachutes dorés peuvent se permettre des propos effrontés. Pour eux, le „ soft landing“ est une réalité. Pour ceux qui retournent sur le marché de l’emploi tout en devant satisfaire à leurs obligations financières (famille, prêts, taxes, assurances, cotisations à la hausse), ce terme sonne comme l’insulte qu’il représente en vérité.
Les plus modestes ont compris depuis un bon moment ce qu’est une fin de mois difficile, eux, des hommes et des femmes qui ont droit aux mêmes aspirations de bonheur et de bien-être que les nantis.
Les classes moyennes commencent à peine à découvrir qu’on les saigne et qu’il y a belle lurette qu’elles agacent, depuis – en somme – qu’elles affichaient une aisance certaine. Peut-être finiront-elles par saisir l’enjeu qui n’est autre qu’un doux et latent glissement vers un nouveau modèle de société.
Un soutien … sous réserve
Jusqu’ici, l’Etat était garant de la solidarité sociale, voire sociétale. A force de se faire avoir par les lobbies économico-financiers – ces pauvres dirigeants européens qui viennent tout juste de s’apercevoir (merci Wikileaks) qu’ils sont des vassaux comme le furent jadis les princes des pays que Napoléon occupa avec son impériale armée –, l’Etat se déclare dans l’impossibilité de remplir ses devoirs. Alors, les cotisations augmentent, les prestations diminuent, le recours aux assurances complémentaires et aux assurances privées est envisagé, recommandé, suggéré. Peu à peu, le modèle américain, celui de l’initiative privée toute, du chacun pour soi et le dieu des sectes pour tous, gagne.
Après avoir substantiellement contribué au renouveau de l’illettrisme en Europe (hier on parlait plus ou moins correctement une, deux ou trois langues; aujourd’hui on bafouille en américano-anglais et on ne sait plus s’exprimer correctement en français ou en allemand), après avoir imposé sa non-culture (la culture est réservée aux élites) et déformé les jeunes par l’apport d’un „look“ que n’adopterait aucun Américain cultivé, les Etats-Unis sont en train de nous léguer leur système politique. Et l’on voudrait que nous applaudissions …
Oui, nous trouvons anormal qu’il existe dans ce pays, par exemple à Clervaux, une personne qui ne sache plus comment payer ses soins médicaux et son loyer.
Oui, nous désapprouvons qu’en France des dizaines de milliers aillent à la soupe populaire ou aux restos du cœur.
Oui, nous condamnons cette Amérique incapable de reloger les victimes de New Orleans, qui évacue des hôpitaux les personnes qui ne peuvent plus payer des traitements coûteux et qui répond à ses chômeurs qu’ils n’ont qu’à prendre de nouvelles initiatives personnelles.
Oui, nous exigeons la sauvegarde d’un modèle qui unit, qui a fait ses preuves, qui préserve la dignité de chaque être humain et de ce fait respecte les droits de l’homme.
Oui, nous choisissons d’être cohérents et ne soutiendrons dès lors que les politiques qui s’engagent – preuves à l’appui – à œuvrer dans la continuité des idées et principes qui ont permis de faire du Luxembourg ce qu’il est – encore – en 2010.
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