La social-démocratie a une histoire

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S’il y a une leçon qu’il faut retenir du discours de François Hollande au Bourget, dimanche dernier, c’est cela:la gauche social-démocrate a une histoire.

Pourquoifaut-il le rappeler? Parce que les Trente Glorieuses qu’ont été les trois décennies de reconstruction qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, puis l’illusion d’une mondialisation juste, sans oublier la mascarade socialiste exhibée par l’Union soviétique, l’ont fait oublier.

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu

Et cette histoire place la social-démocratie du côté de ceux qui souffrent et non dans la zone d’influence des puissants. Le bien-être relatif dans nos régions a permis que se répande le mensonge que le peuple n’existait plus, que l’ascenseur social conduirait tout le monde vers l’aisance matérielle, que, par conséquent, le clivage droite-gauche n’avait plus de sens. On s’est évertué à étayer cette idéologie par toute une panoplie d’arguments fallacieux dont le plus fantaisiste a été celui de la fin de l’histoire.

La légende qui en est née voulait que le capitalisme, une fois mondialisé, aille s’occuper de tout un chacun et semer dans le monde entier les graines de la justice sociale.
C’est exactement l’inverse qui s’est produit. A l’enrichissement de quelques nantis répond désormais, y compris dans les pays dits industrialisés, l’appauvrissement des populations. Au lieu de l’ascenseur social censé hisser les ouvriers dans la sphère de la petite bourgeoisie, ce sont les couches moyennes qui, perdant petit à petit leur pouvoir d’achat, descendent vers la précarisation. Le peuple redevient ainsi le peuple. Un peuple qui a de plus en plus de mal à joindre les bouts, à se faire soigner convenablement, à accéder à une éducation digne de ce nom.
Un peuple livré sans défense aux appétits du système dominé mondialement par les marchés et des financiers sans scrupules. Sans défense? C’est là qu’est lancé le défià la social-démocratie. Et c’est ce défi que François Hollande a relevé dans son discours d’inauguration de sa campagne. Un discours ancré dans l’histoire de la gauche, avec comme seuls mots d’ordres la justice et l’égalité. Le candidat à l’élection présidentielle reprend ainsi le fil de l’histoire du mouvement ouvrier, celui qui de Jean Jaurès mène au Front populaire, du Front populaire au François Mitterrand de 1981, de ce François Mitterrand aux enjeux d’aujourd’hui et de demain.

Dans ce fil, la gauche ne doit pas se tromper d’adversaire. Et il y en a un seul aujourd’hui. C’est le monde de la finance. La description qu’en a faite François Hollande devrait servir de boussole aux sociaux-démocrates du monde entier. Le monde de la finance est „un empire ayant pris le contrôle de nos vies“. Un empire „sans visage“ qui gouverne alors que personne ne l’a élu. Un empire qui s’est substitué aux dirigeants politiques et mènele monde vers la catastrophe.

Un message d’espoir et d’avenir

Cette identification de l’adversaire est capitale. Elle renoue avec les rêves de la grande majorité des populations. Des populations qui, désorientées, déboussolées par ce qui leur tombe dessus sont devenues une proie facile pour l’extrême droite qui se fiche comme d’une guigne de la justice sociale et n’a pour objectif que laprise du pouvoir. Avec tout ce que cela signifie et dont ce qui se passe en Hongrie, ce n’est qu’un tout petit avant-goût.

La place de la gauche, la place de la social-démocratie est aux côtés des populations et de leurs aspirations à une vie décente. Voilà le message qu’a fait passer François Hollande.
Un message d’espoir. Un message d’avenir. Un message dont devraient s’inspirer les sociaux-démocrates grand-ducaux qui, en confondant notamment index et hausse de salaires, s’éloignent de ceux qu’historiquement ils sont censés défendre.

ÉDITORIAL

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu