La chute de la France

La chute de la France
(AFP)

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Qu’ils soient de droite ou de gauche, le fait est indéniable: la majorité des Français méprisent leur président qu’ils traitent de „pantin“. Un François Hollande selon eux à l’origine de tous leurs malheurs, y compris de la météo.

Il est vrai que depuis son entrée à l’Elysée, il n’a cessé de pleuvoir. Orages, inondations, grêle, mauvais chiffres, hausse des impôts, réformes illisibles. Rien que du mauvais. Le plus étonnant est que la plupart, souvent du bout des lèvres, concèdent qu’il est „pourtant intelligent“. Bref, les Français ne comprennent pas leur chef d’Etat.

Hollande, l’homme aux mille consensus, a commis effectivement une erreur monumentale en tout début de mandat. Au lieu de communiquer très officiellement le montant exact de la dette publique héritée des trente dernières années, et plutôt que de publier le bilan exact de tous les états financiers, il a voulu rassurer. Le voici avec des promesses vides, car impossibles à tenir en période de conjoncture internationale désastreuse.

Hollande est un homme de continuité plus que de rupture. Alors, fidèle au vieux schéma de l’inébranlable amitié franco-allemande, il n’a eu de cesse d’oeuvrer à une entente parfaite avec la chancelière qui n’avait même pas daigné le recevoir comme candidat. Mais Merkel n’est pas Schröder, ni Kohl et ses baisers comme son tutoiement se paient au prix fort, celui de la soumission au diktat économique allemand. Hollande, qui avait juré que la „Maison Europe“ serait transformée, n’y est pas parvenu jusqu’ici. Au détriment d’une France qui compte officiellement 2,78 millions de chômeurs et officieusement 3,4 millions, donc +/- 10,2% de sa population active.

Indicateurs au rouge, morale à zéro

Tous les indicateurs sont au rouge, la production industrielle stagne faute de moyens financiers, la seule issue,
à savoir l’innovation technologique, reste un leurre. Pas étonnant que le Prix Nobel d’économie Paul Krugman dénonce l’abdication du président Hollande devant les incessantes exhortations de Berlin pour plus de rigueur, plus d’austérité, plus de sacrifices. Quitte à déplaire aux chantres d’un déficit maximum à 3% du PIB de Bruxelles, force est d’investir, investir massivement. Ce que préconisait aussi (cf. interview de Libération du 30 août 2014) le professeur Charles Wyplosz. Car même si le patron de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, vient indirectement à l’aide de Hollande en favorisant une baisse du cours de l’Euro (-6% par rapport au plafond atteint il y a un an), même si cette baisse devrait stimuler les exportations du „made in France“, cela ne suffira pas à relancer la machine.

Hollande qui s’incline, Hollande qui réoriente à tort la politique étrangère de la France, au Moyen-Orient ou face à la Russie, Hollande qui devient la risée de tous à cause d’une bonne femme raide dingue, la France a-t-elle mérité cela? Peut-être pas.

Reste que le président n’a pas la vie facile, pas plus que Valls ou Ayrault avant lui. Car la France serait un superbe pays s’il n’y avait pas les Français …! Un peuple divisé où l’intégration est un échec total, un peuple ringard dès qu’il s’agit de réformer (*) ne fût-ce qu’un timbre-poste, un peuple râleur, impatient et, oui, c’est une francophile qui parle, souvent arrogant sans avoir le moindre argument pour l’être.

Si Paul Krugman évoque „la chute de la France“, il convient de réfléchir aux multiples raisons qui pourraient déclencher cette catastrophe. Pour l’empêcher, s’il est encore temps.

* Prenons la réforme territoriale. Tous la disent incontournable; peu sont d’accord et chacun sait qu’elle ne permettra pas d’économies. Pour preuve: faute de salaire unique, un instit ou un prof embauché par la région gagne plus que le même payé par le département. Résultat: il faudra revoir les rémunérations à la hausse …

Qui parlait d’Etat central?

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu