Fausse route

Fausse route

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Manifestations monstres en Grèce, peur d’un nouveau plan d’austérité en France, dégradation de la note de l’Espagne par Moody’s: rien ne semble pouvoir arrêter la spirale infernale en train de ruiner l’Europe.

La faute à qui?

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

Aux politiques, bien sûr, ne leur en déplaise. Car ils n’ont ni su anticiper ni su freiner à temps les excès du capitalisme libéral qu’ils ont juste docilement accompagné et, pour certains, porté aux nues.

Qui sont les Moody’s, Standard & Poor’s et autres agences de notation? Qui les note, elles, qui les inspire, les finance?

Mystère que ni la classe politique ni les journalistes économiques ne semblent vouloir percer.

Pourquoi l’UE se refuse-t-elle à créer sa propre agence de notation?

Pourquoi n’est-elle pas capable, au niveau européen et au niveau des Etats, de choisir le modèle qui conviendrait pour sortir de la crise?

Partout, les gouvernements hésitent. Croissance, austérité, fiscalité accrue, telle est la question. Faute de réponse claire, faute de courage et de volonté positive, ils misent tantôt sur la rigueur, tantôt sur l’augmentation des impôts. Mais il ne sert à rien de réduire dramatiquement les dépenses publiques, pas plus qu’il n’est utile de charger encore davantage les ménages. La seule politique crédible serait celle qui miserait sur l’avenir et donc sur la croissance, moyen le plus sain pour réduire cette fameuse dette.

En lieu et place, on étouffe les entreprises créatrices d’emplois et de richesse, c.-à-d. les PME et les TPE en les privant des crédits nécessaires. Ceux qui les pénalisent sont évidemment ces fameuses banques si fautives en 2008 et désormais de plus en plus regroupées et dépendantes du phénomène de la mondialisation.

Choix erronés

Un homme politique qui n’ose rien ne sera jamais digne de son mandat, car au lieu de servir l’intérêt commun, il privilégiera sa carrière.

Il est vrai qu’il est si tentant de s’abriter derrière Bruxelles, en faisant semblant d’oublier que ceux qui y font la loi ont été mis en place par les Etats. D’erreur en erreur, de lâcheté en lâcheté, la situation se dégrade et l’Europe perd en influence et en rayonnement: la crise grecque n’est désormais plus un problème. C’est une farce.

Qu’on n’aille pas croire que nous sommes à l’abri.

Plus personne à Luxembourg ne peut décemment croire à un seul des nombreux chiffres qu’on nous annonce. Ils s’avèrent faux à peine communiqués.

Ce qui apparaît en revanche est que l’investissement public est dramatiquement erroné. Quelle est la richesse d’un pays? Ses habitants. A condition que l’intégration soit une réussite et celle-ci passe nécessairement par la meilleure des formations possibles. Un enfant de la bonne bourgeoisie est dissipé à l’école? Il sera recadré tôt ou tard dans l’environnement familial. Un enfant n’est pas (en)cadré à la maison, faute de possibilités, de moyens? Il faudra d’autant mieux le cadrer à l’école.

Plutôt donc que d’appliquer un schéma d’antan qui s’avère obsolète et créateur d’inégalité (alors qu’il avait été élaboré pour être le plus juste possible), il convient de dépenser deux, trois, quatre fois plus pour les jeunes qui en ont besoin que pour les autres. De sorte à les hisser au meilleur niveau et faire en sorte que l’ensemble des adultes de demain soient les mieux formés, les mieux instruits, les mieux éduqués.

Quelle entreprise, à fortiori si elle est l’émanation d’un groupe international, a envie d’apprendre les basiques à ses débutants? A leur enseigner les bases du savoir-vivre, de la présentation, du vivre harmonieux en communauté? Aucune!

Ceux dont le profil ne convient pas, sont simplement éliminés, peu importe à la limite leurs connaissances ponctuelles intrinsèques.

L’a-t-on compris au plus haut niveau? Non, sans quoi on n’en serait pas là où nous en sommes.

Le philosophe Paul Kennedy, grand spécialiste de l’étude des cycles de civilisations, avait écrit il y a plus de vingt ans que l’Europe était un continent décadent. En ajoutant toutefois que rien ne l’empêchait d’inverser le cours des choses.

Pour ce faire, il faudrait des hommes et des femmes d’Etat.