Un métier comme les autres (?)

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Aujourd’hui en démocratie parlementaire, la plupart des mandats politiques sont exercés par des professionnels, des salariés en somme. Souvent, ils sont venus à ce métier par hasard, rarement par conviction. Beaucoup pourraient servir dans tel parti ou dans tel autre; on se dispute le centre et sa périphérie; les mille et un compromis exigés par „le système“ ont raboté les positions idéologiques. Rares sont les ministres et les députés qui lâchent de plein gré: le travail est varié et la rémunération assez bonne. Comment expliquer autrement le fait que la plupart des élus essaient de le rester „à vie“, quitte à se présenter tous les cinq ans à l’épreuve du suffrage?

Une politique déterminée est un „produit“, une offre sur le marché des programmes et des promesses. Elle se vend tout à fait comme les biens de consommation courants, à grand renfort de marketing et de publicité, par des agents exercés à tirer profit les médias classiques comme de ceux dits „sociaux“. Et la clientèle (électorale) se plaît à ce jeu. Elle a l’illusion de le maîtriser, de donner des bonus et des peines, alors qu’en réalité, elle ne distribue que les rôles d’une pièce écrite par et pour l’Economie.

L’Economie, avec majuscule. En Occident, elle a acquis depuis l’effondrement de l’Union soviétique un ascendant sur la politique qui s‘écrit désormais avec minuscule. C’est elle, l’Economie, qui dicte à la politique ses conditions pour créer ou ne pas supprimer des emplois, que ce soit dans l’industrie ou dans les services. C’est elle qui pousse à la concurrence effrenée entre Etats pour le taux d’imposition le plus bas. Au USA, l’un des siens, Trump, ne se donne même plus la peine de faire semblant. Ayant réussi sans trop de difficulté à devenir président, il privilégie l’entreprise américaine et ses profits sans égard pour les dégâts ailleurs. Sa décision de valider Jérusalem comme capitale d’Israël créera des tensions voulues; l’insécurité au Moyen Orient finira bien par déclencher une hausse des prix de l‘énergie qui affaiblira les Européens financièrement dans le monde entier: America first est un objectif économique, d’abord.

Ce primat de l’Economie, exercé sans gêne aussi dans l’Union européenne, laisse des millions d’appauvris sur le bord de la route, des malheureux qui ne trouvent pas, au sein des familles politiques traditionnelles, l‘écoute attentive et le soutien puissant qu’ils revendiquent. C’est pour cela qu’ils se tournent si facilement et sans aucun sentiment de culpabilité vers les populistes de droite, en France, en Allemagne, en Autriche, en Pologne, en Hongrie, en Finlande, et demain sans doute en Italie.

Dans la foulée, la social-démocratie européenne perd sa base ouvrière qui voit en elle un simple gestionnaire de l‘économie de marché débridée. Le fait est que nulle part, quand elle accède au pouvoir, la gauche modérée ne réussit à changer le cours des choses; son meilleur argument fait rire ou pleurer: „Sans nous, ce serait encore pire“.

C’est l’incapacité évidente de renouer avec le progrès social, et d’ouvrir la perspective sur une société humaine plus juste, qui menace les bases de la social-démocratie dans ses pays fondateurs, Luxembourg compris. Pour se redresser, pour reprendre force et vigueur, elle devrait pouvoir compter, comme à ses débuts, sur l’idéalisme de ses adeptes.

Et sur des politiciens pour qui la politique n’est jamais, en aucune circonstance, un métier comme les autres. Quel bien doux rêve.

Le Sceptique
14. Dezember 2017 - 14.22

Intéressant. Mais...ne faut-il pas aligner, face aux lobbyistes pro, des politiciens pro?