ÉDITORIAL: Un processus au long cours cours

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Les Vingt-Sept réunis au sommet à Bruxelles sous l’égide de la République tchèque auront le loisir de commenter les résultats des élections européennes qui ont largement conforté le Parti populaire européen au détriment des sociaux-démocrates. / Danièle Fonck

Un scrutin qui, a priori, devrait faciliter la renomination de l’actuel président de la Commission européenne.
En vérité, les choses ne sont pas tout à fait si simples.
Certes, les chefs d’Etat et de gouvernement sont majoritairement des conservateurs.
Certes, le président Sarkozy et la chancelière Merkel ont exprimé leur préjugé favorable pour maintenir en place le chef de l’exécutif bruxellois.
Certes, le PPE devrait soutenir cette candidature lors de la prochaine session plénière à Strasbourg.
Oui, mais …
Il faut noter d’abord que le président de la Commission, qui n’est pas un élu du scrutin universel, doit être confirmé par les élus européens. Or, Manuel Barroso, loyal serviteur des thèses ultralibérales ces dernières années, très proche de l’approche économico-financière des équipes Bush, représente aux yeux d’une large partie de l’opinion publique européenne l’homme à abattre, car symbole d’une libéralisation à l’origine de tous les maux dont l’écroulement du système bancaire, de la récession et de la montée généralisée du chômage.
Peut-on continuer avec pareille figure de proue?

Le jeu des alliances

Il semblerait que Nicolas Sarkozy lui-même ait des doutes pour autant que cela soit possible. En revanche, au Parlement européen, les positions sont moins tranchées qu’il n’y paraît.
Devant la montée en puissance de la droite, tant les sociaux-démocrates que les libéraux et les verts s’accordent à dire que Barroso doit être sanctionné. Or, le PPE, pour influent qu’il fût, doit prendre en compte les sentiments des socialistes européens avec lesquels il s’accorde traditionnellement sur la répartition des postes (et on sait qu’ils sont nombreux!). Le jeu des alliances est, en l’occurrence, porteur et nul ne le mettra en jeu sans y réfléchir à deux fois.
A cela s’ajoute que le PPE , afin de devenir le numéro un incontesté, a accepté en son sein des courants allant des conservateurs modérés jusqu’à des extrémistes de droite du plus mauvais genre. Il est donc tout, sauf homogène.
Il en résulte que Manuel Barroso, le président de la Commission qui a su servir à merveille les intérêts d’une droite ultralibérale, pourrait se voir recalé à Strasbourg.
Au-delà toutefois de la personne, les peuples d’Europe devraient se soucier d’autre chose, bien plus importante, car s’il y eut naguère une vision à propos de la construction européenne, tel n’est plus le cas. Et en dépit de la crise profonde, institutionnelle, économique et sociale, il n’existe aucun plan cohérent sous forme d’approche politique nouvelle pour changer le cours de l’Europe.
Face à Obama, président aux idées précises et décidé de les mettre en œuvre, l’Union européenne fait figure de grand club tiraillé entre des idées embrouillées cherchant une issue sans véritablement remettre en cause un système qui a échoué.
On reprend les mêmes et on change de marketing?
Est-ce ce que veulent les amis et soutiens de Barroso?
On peut le craindre.
Mais ce serait un terrible aveu de faiblesse et l’incapacité de remettre en question des fondamentaux erronés. Ce serait en outre l’aveu tacite que l’on accepte l’idée que la crise perdurera et que ceux qui en sont les victimes se verront consolés par un matelas social plus ou moins décent sans qu’il n’y ait la moindre perspective d’avenir pour eux et les générations à venir.
Réformer un système signifie se lancer dans un processus de réforme au long cours.
Cela exige les meilleures têtes possibles.
Partout.

dfonck@tageblatt.lu