/ ÉDITORIAL: Pour le moins singulier
Constatons donc qu’il est pour le moins singulier d’avoir à attirer des élèves dans les écoles (publiques) en faisant miroiter la récompense (compensation?) financière, qu’il est singulier de salir un homme parce que l’écrivain qu’il est ne correspond pas aux normes des adeptes de la rigueur normative, qu’il est plus que singulier qu’un parti socialiste se fait l’écho des bassesses ordurières du Front national et qu’il lui faut une semaine pleine pour se sortir (mal) d’affaire.
Singulier aussi les sourires de Barroso en Pologne, à croire que le président de la Commission était autosatisfait d’un exploit qui n’en fut pas, la signature du Traité de Lisbonne par le président Lech Kaczynski, changement d’humeur ou de stratégie à laquelle il n’avait guère contribué.
La plus singulière de tous est d’ailleurs l’Union européenne, de toute évidence incapable de sévir à propos du plus singulier des chefs d’Etat et de gouvernement, à savoir Silvio Berlusconi.
Une question de liberté et de décence
Lorsque l’Autrichien Wolfgang Schüssel a choisi de faire une alliance gouvernementale avec Jörg Haider, le leader de l’extrême droite, l’Europe fut prompte à réagir. A l’époque déjà, elle se montrait infiniment plus timorée à l’encontre de Berlusconi version première, en dépit de ses liens avec l’extrémiste Fini qui n’avait pas encore fait sa mue tactique.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de Rome et le cas Berlusconi s’est aggravé.
Voilà un président du conseil qui se fabrique des lois sur mesure et qui, quand elles sont invalidées par laCour constitutionnelle, par des gens sages et démocrates, s’attaque en des termes inacceptables à cette haute instance et n’hésite pas à menacer le président de la République. Que Berlusconi reste populaire en Italie importe peu.
L’Union européenne n’est pas une donneuse de leçon dans un salon mondain, elle est une institution politique qui doit être animée par quelques grands principes philosophiques et politiques parmi lesquels le respect de la démocratie et la liberté d’expression avec, au premier chef, la liberté de la presse.
Or, cette dernière n’est plus garantie chez nos cousins méditerranéens, le papivore contrôlant la majorité des médias et journaux.
Fou de rage, ivre de pouvoir, le premier ministre – qui pourtant ne risque rien dans l’immédiat – est précis: „J’irai dans les radios, les télévisions, les journaux pour expliquer la situation aux Italiens“, dit-il, sûr d’y trouver des employés complaisants.
L’Italie, comme l’a rappelé à bon escient le Belge Guy Verhofstadt, figure sur la liste 2009 (établie par Freedom House) des pays où la presse est „partiellement libre“.
L’UE quant à elle, du moins la Commission en l’occurrence par la voix de Mme Reding, ne s’offusque ni de cet état de fait ni des propos du play-boy bling-bling et lifté italien. Il faut dire qu’il est membre du PPE …
Si la dérive italienne s’était produite en Autriche, que n’aurait-on dit à Bruxelles? Alors pourquoi l’exécutif se tait-il?
Le Barroso nouveau a visiblement du mal à pointer le nez. Mais parions que lors du prochain Conseil européen, les „pairs“ de Berlusconi ne se montreront pas plus combattifs. Entre gens du même monde, n’est-ce pas…!
Encore heureux que Michelle Obama lui ait publiquement refusé sa joue lorsque le maître de Porto Cervo voulut l’embrasser lors du dernier G20. Preuve que ce sont les femmes qui commencent à entrer en résistance.
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