Droits acquis?

Droits acquis?
(Tageblatt-Archiv)

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L’un des fondements de la démocratie est le respect. Respect des hommes et de leurs idées. Respect des institutions et des majorités parlementaires.

Au terme des élections législatives anticipées provoquées par le refus d’un vote au Parlement par l’actuel premier ministre, la simple arithmétique a permis plusieurs coalitions gouvernementales. Il se trouve que trois partis ont souhaité accorder leurs violons pour jouer une nouvelle partition. Cela est légitime; c’est également novateur. Et de facto intéressant, comme l’est toujours le changement. Par la suite, il appartiendra aux entrants d’apporter la preuve de leur capacité de faire évoluer le pays dans le bon sens. Vouloir les juger sur leurs intentions est signe de mauvaise foi. Le préjugé est du domaine du populisme et de la démagogie. Ce qui le rend nul et
non avenant.

Danièle Fonck dfonck@tageblatt.lu

La démocratie a, pour vivre, besoin de se ressourcer et dès lors d’alternance. Cette dernière implique qu’il y ait rupture dans la continuité. Notamment sur le plan sociétal. Quoi de plus normal que trois partis laïcs décident d’en finir avec un couple Ancien régime, le tandem Etat-Eglise. Il n’y a pas de droits acquis en la matière et, dès lors, aucun besoin de concertation préalable, voire aucune obligation de tractation. L’Etat est, par essence, laïc, le reste est du domaine philosophique.

Du changement, évidemment

L’Etat laïc se doit donc de respecter les croyances individuelles; il lui appartient d’accepter l’existence et le libre exercice des religions. Toutes confondues. Il n’y a pas en revanche à discuter et à débattre tel mari et femme, pour citer le secrétaire épiscopal, car il n’y a pas de mariage. L’enseignement religieux peut et doit exister pour ceux qui le souhaitent. Forcément en dehors de l’école publique, dans un cadre adapté. Pour les catholiques, les juifs, les protestants, les musulmans, les orthodoxes. L’Etat reste, pour sa part, en charge de l’instruction publique, de même qu’il célèbre ses manifestations en dehors de toute considération religieuse, évitant ainsi d’exclure de larges pans de la société.

Quoi de plus normal qu’une Fête nationale laïque? Option prise par la plupart des pays. L’acteur principal en sera le chef de l’Etat avec son gouvernement. Que les Grands-Ducs assistent dans la foulée, en amont ou/et en aval à des messes et Te Deum de chaque communauté religieuse est un libre choix qui leur appartient et n’engage qu’eux.

Il n’a jamais été facile de faire évoluer une société. Les rudes débats autour du droit de vote pour les femmes, l’accès à la contraception, le droit à l’interruption de grossesse, le droit à l’euthanasie en témoignent. Que de lois émancipatrices et que de lois imparfaites. A l’instar de celle sur le divorce. Peut-on, aujourd’hui, imaginer qu’elles n’existent pas? La réponse coule de source et c’est au fond d’elle qu’on trouve l’explication pourquoi l’Eglise catholique a tant de mal à accepter et les prêtres féminins et le mariage des prêtres.

A quelques jours de la prestation de serment du gouvernement, les attaques se font violentes, preuve que les enjeux sociétaux, politiques et financiers sont éminents.

Elles vont malheureusement de pair avec les insultes d’un autre temps, à ceci près qu’internet permet cette fois d’accélérer le phénomène tout en avançant masqué sur les réseaux sociaux. De tels comportements dépravés sont la preuve de l’échec du modèle en expiration. Car visiblement, les meilleurs élèves des Cours d’instruction religieuse ne sont pas devenus des gentilshommes. Loin s’en faut.

Le plus bizarre est qu’un Te Deum aboli émeut davantage certains que les chiffres du chômage des jeunes, l’analphabétisme rampant, l’échec de l’intégration, l’essor de la délinquance, la courbe des suicides. Autant de paramètres au moins aussi vitaux que les équilibres budgétaires subis par Bruxelles.

Le Luxembourg a de tous temps été capable de relever les défis. A condition d’être uni, ce qui supposait que la population put croire à l’effort de justice sociale. Peut-être faudrait-il discuter davantage de l’influence occulte des grandes sociétés d’audit étrangères que de focusser sur les sujets qui n’en sont pas vraiment, puisque ce sont juste des évidences …