Bonjour tristesse

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Qui se ressemble, s’assemble. Est-ce dans ce contexte qu’il faut voir la rencontre Sarkozy-Berlusconi en ce vendredi, 9 avril?

Les deux sont de grands communicateurs, des showmen qui ont transformé la politique en spectacle perpétuel et font de l’étalage de leurs vies privées le nerf de leur action.
Mots et gestes servent à exprimer des émotions pour capter l’attention du bon peuple et dévier son regard des contenus politiques. Le pire est qu’ils réussissent, car si vraiment leurs citoyens s’intéressaient en profondeur sur les textes de lois qu’ils font voter, il y a belle lurette qu’ils seraient sur les barricades.

L’action n’est pas acte, elle est mouvement. Elle se passe toujours et forcément devant une caméra et si, par malheur, il y a un jour creux, c’est la première dame du moment qui est envoyée sur le front médiatique.

Combien de temps peut-on gouverner un Etat ainsi? La question mérite d’être posée, car la France et l’Italie vont mal et l’Union européenne est en souffrance. Reste à savoir où est notre responsabilité (collective) de journalistes dans la mesure où nous sommes forcément complices de cette mise à nu des turpitudes de ces deux grands hommes qui, chacun de son côté, l’un directement et l’autre parle biais de ses riches amis, contrôlent très largement les médias.

Car force est de le dire, brut de décoffrage: on se fout des fausses dents, des faux cheveux, du botox et des liftings de M. Berlusconi. Comme l’on se fout des talonnettes de M. Sarkozy et du botox de Madame.

Pauvres de nous…

Dire que ces gens-là dépensent plus en une opération chirurgicale esthétique que certains gagnent en un an!
Dire qu’une ex-ministre, Rachida Dati, se voit privée de gardes du corps, de chauffeur et de voiture officielle, non pas parce qu’elle n’est plus ministre depuis des mois, mais parce qu’elle aurait radoté sur les vrais ou faux déboires conjugaux du couple élyséen… Drôle de conception de la République qui se prévaut de la „liberté, égalité, fraternité“.

De Gaulle doit être ravi de ne plus assister à ce triste spectacle, Mitterrand en aurait ironisé des journées entières et Chirac rigole en douce. Mais on a les successeurs que l’on s’est choisis et le locataire de la maison Hariri devrait s’en mordre les doigts, lui qui n’a rien fait pour couper la route au poulain qui, pourtant, l’avait trahi avec Balladur.
La France entrant en crise et en récession, on annonçait la fin du „bling-bling“. Soit, la crise est passée et la récession finie, soit l’homme est faible et ne sait se contenir qu’un temps. Car le fait est que le „bling-bling“ s’est doublé d’une paranoïa, le président voyant désormais des complots à la moindre critique, au point que cela en devient gênant si ce n’est dangereux.

Quelle vision pour la France, quelle cohésion sociétale dans un pays où les clivages sociaux, religieux et ethniques se creusent, quelle dignité citoyenne quand tant d’hommes et de femmes vivent en marge de la société et que bon nombre de salariés gagnent moins que rien?

Comment faire en sorte que la ville et sa banlieue puissent cohabiter pacifiquement, que le monde rural (agriculteurs, viticulteurs, pêcheurs) puisse survivre?
Comment accepter l’idée d’une Europe qui ne soit pas (comme c’est à nouveau le cas du fait du tandem Sarkozy-Merkel) l’Europe des nations, comment garantir aux pays plus modestes (petits) le droit de s’épanouir, de co-décider?

A toutes ces questions, le président français n’a pas de réponses. En vérité, il faudra attendre qu’il tire sa révérence. Et que, d’ailleurs, Mme Merkel et M. Brown fassent de même.
On remettra alors les pendules à l’heure.

Danièle Fonck
dfonck@tageblatt.lu