Le ministère suisse de la Justice s’oppose à une mise en liberté de Polanski

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Les autorités suisses se sont opposées mardi à une mise en liberté du cinéaste Roman Polanski, détenu depuis dix jours dans une prison helvétique sur mandat américain, renvoyant la décision finale au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone (sud).

Le ministère suisse de la Justice a d’ores et déjà recommandé au Tribunal du Tessin de „rejeter le recours“ déposé le 29 septembre par le réalisateur franco-polonais sur son „mandat d’arrestation en vue d’extradition“ auprès de l’instance juridique en question. Le ministère s’est également opposé à la mise en liberté de M. Polanski, 76 ans, recherché depuis plus de 30 ans par les Etats-Unis pour avoir eu des „relations sexuelles illégales“ avec une mineure âgée de 13 ans en 1977. „L’argument principal est que nous sommes persuadés qu’il existe un grand danger de fuite“ hors du territoire suisse, a expliqué à l’AFP un porte-parole du ministère, Folco Galli. „Même avec une liberté sous caution, il n’est pas garanti que M. Polanski restera dans la Confédération“, a-t-il insisté. M. Polanski est déjà considéré comme un fugitif aux Etats-Unis, pays qu’il a quitté précipitamment en 1978 pour échapper à une procédure judiciaire, après avoir passé plus de 40 jours en prison. Réagissant aux annonces de mardi, les avocats français de Roman Polanski ont refusé l’idée qu’il s’agisse d’un premier „revers“ pour la défense, affirmant que les recommandations du ministère de la Justice ne présumaient pas de la décision finale de Bellinzone. „Cela ne veut pas dire que la décision du Tribunal de Bellinzone sera défavorable“, a expliqué à l’AFP Me Georges Kiejman. Le spécialiste suisse des questions d’extradition, Christian Piguet confirme : „Bellinzone est totalement indépendant“. Il considère toutefois que le Tribunal pénal fédéral va aller dans le sens du ministère.
„C’est un mandat international, on ne peut pas s’y opposer“, argue-t-il à propos de l’arrestation. Concernant la mise en liberté, il relève que M. Polanski „a fui pendant 32 ans“ et qu’il n’y a pas de contrôles des personnes aux frontières entre la Suisse et la France où, en tant que citoyen de nationalité française, il ne peut plus être menacé d’extradition. Les avocats du cinéaste récompensé par l’Oscar du meilleur réalisateur (2003) et la Palme d’Or à Cannes (2002) pour „Le Pianiste“, ont tenté mardi de rassurer sur cette question. „M. Polanski s’engage à ne pas quitter le territoire suisse durant toute la procédure d’extradition et à respecter toutes les obligations qui pourraient lui être imposées pour garantir cet engagement“, ont-ils répété. Ils ont précisé que l’avocat suisse de Roman Polanski ferait „connaître ses observations pour permettre au Tribunal de Bellinzone de prendre sa décision en toute connaissance de cause“. Le réalisateur possède un chalet à Gstaad (centre de la Suisse) où il pourrait demeurer pendant la procédure, ont-ils fait valoir. Mais les autorités suisses ont déjà prévenu la semaine dernière qu’une liberté provisoire était „exceptionnelle“ dans la Confédération. Reste désormais à Bellinzone à rendre sa décision. Interrogée récemment par l’AFP, la secrétaire générale du Tribunal, Mascia Gregori Al-Barafi, est restée vague quant au délai nécessaire aux juges pour statuer. „Cela peut aller très vite, voire 10 jours. Mais cela dépend des cas“, a-t-elle expliqué. Une fois la décision connue, M. Polanski pourra faire appel, un recours qui pourra prendre encore plusieurs semaines.