Andrà tutto beneUn aperçu sur le futur Casino Display

Andrà tutto bene / Un aperçu sur le futur Casino Display
Mahé Cabel installant „A nos mères“, la vaisselle en cires d’abeilles posée sur une table chauffante Photos: Editpress/Tania Feller

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Nouveau lieu d’exposition consacré à la jeune création, le Casino Display présente „Andrà tutto bene“ dans le cadre des Journées européennes du patrimoine.

Depuis septembre 2019 et la décision du ministère de la Culture d’en laisser la tutelle (qu’elle détenait depuis  1982) au Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, le „Konschthaus beim Engel“ est resté vide. Un an  plus tard, les Journées européennes du patrimoine lui redonnent une première fois vie. La réanimation ne durera que trois jours mais donnera un aperçu prometteur de l’esprit qui devrait désormais animer à partir du mois de février prochain, l’endroit.

Le Casino Display (c’est son nom) servira de nouveau lieu de résidence d’artiste durant la moitié de l’année.  Le Casino abandonne ainsi son exploration de l’espace public entamée il y cinq ans, après cinq premières années durant lesquelles l’Aquarium prêtait son cadre. L’espace d’exposition servira alors d’atelier et de studio à l’artiste sélectionné. Le reste de l’année sera consacré à la mise en valeur de jeunes artistes de la Grande Région, détectés parmi les étudiants d’écoles d’art lorraine, alsacienne et sarroise partenaires du Casino. Ce sera alors un lieu de découverte pour les lycéens qui pourront s’y renseigner sur les écoles d’art et rencontrer des jeunes artistes. 

„Andrà tutto bene“

L’ouverture du Casino Display était originalement prévue pour le deuxième trimestre 2020, à l’occasion de la Triennale jeune public. La pandémie a contraint à repousser l’échéance à février 2021. Mais pour envoyer un signal positif, comme l’expliquait hier Christine Walentiny à l’heure de l’ouverture, aux jeunes artistes qui attendaient l’ouverture de l’endroit, il fut décidé de donner à quatre d’entre eux l’occasion d’exposer une de leurs œuvres. La condition était qu’elles soient visibles de l’extérieur, comme les messages d’espoir „Andrà tutto bene“ („Tout ira bien“), assortis d’un arc-en-ciel, collées aux carreaux des fenêtres par les enfants italiens.

Deux œuvres sont installées à l’étage inférieur de la maison et sont visibles depuis le Breedewee. Avec la première, „Tirer de rideau“, Marceau Pensato nous fait réfléchir aux faits historiques et à leur déni. Il rassemble sur une toile, qui vaut linceul, dessinés au fusain et à la pierre noire, le Christ roi de Rio de Janeiro et la fuite d’un peuple devant un char. Le génocide arménien passé et le crime brésilien actuel  disparaissent lorsque la toile-rideau s’ouvre et cache en ces plis ce qu’on ne veut pas voir. Le rideau fait alors apparaître à l’arrière-plan un autre dessin sur toile figurant un homme qui regarde entre deux doigts, prêts à se refermer, l’horreur qui se déroule sous ses yeux. 

A côté, Mahé Cabel présente une pièce autobiographique et fortement liée à la pandémie, période de crise durant laquelle elle a perdu sa grand-mère et vu sa mère contrainte à fermer le restaurant qu’elle avait repris de cette dernière. La jeune artiste a moulé la vaisselle du restaurant, puis l’a reconstituée en cire d’abeille. La vaisselle fond sur une table chauffante, qu’elle allume pendant une heure et demie chaque matin à 11 h avant de déclamer au premier étage un poème intitulé „Penser champignon“ et consacré à ce nouveau symbole du lien. La matière, qui est celle aussi dont sont faits les ex-voto, jour après jour se transforme, et signifie la  capacité et la volonté de transformer un événement négatif et d’échapper à une assignation de genre que cache la cuisine.

Le temps fait aussi son oeuvre sur le travail, influencé par le minimalisme américain, présenté par Manon Nicolay, à l’entrée de la maison. Un verre feuilleté peint, posé contre une grille, se fissure sous son propre poids. „Pour une trêve“ explore les notions de violence et de dégradation dans l’espace domestique. 

L’oeuvre la plus légère, celle d’Anna Coulet, électrise la rue de la loge. Deux stroboscopes posés derrière une plante en projette l’image sur une fenêtre opaque, à la texture numérique. C’est la seule pièce qu’il faut voir de préférence de nuit pour apercevoir la plante danser à la fenêtre et en saisir toutes les dimensions. „Se mêlant aux autres fenêtres donnant sur la rue de la Loge, la plante devient une habitante parmi toutes les autres, une habitante un peu plus agitée, une habitante à l’image d’une nature contrainte comme électrisée“, explique la plasticienne. Ses éclairs lancés dans la nuit signaleront à coup sûr aux noctambules qui ne manqueront pas de s’y arrêter que quelque chose a déjà changé dans l’ancienne maison Romano.

Infos

Casino Display (anciennement Konschthaus beim Engel), 1, rue de la Loge, Luxembourg.
Visible jour et nuit jusqu’au 27 septembre.
Performance de Mahé Cabel chaque jour sur place à 11.00 h.

Appel à participation

Dans le cadre de son 25e anniversaire, le Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain lance un appel à participation aux artistes et au public intitulé „Temporary Contemporary“. Les intéressés ont jusqu’au 8 novembre pour adresser une image (dessin, photo, etc.) ou un texte, qui soit portera un regard rétrospectif et partagera un souvenir personnel lié à la programmation artistique ou culturelle du Casino des 25 dernières années, soit portera un regard anticipatif et imaginer à quoi pourrait ressembler le Casino dans les années à venir. Les projets retenus feront l’objet d’affiches diffusées dans l’espace public.

„Tirer le rideau“, de Marceau Pensato. Fusain et pierre noire sur tissu, structure en acier.
„Tirer le rideau“, de Marceau Pensato. Fusain et pierre noire sur tissu, structure en acier.