Prix littéraires : une excellente année perturbée par la polémique NDiaye/Raoult

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La saison des prix littéraires 2009 a consacré les choix du public et constitue un bon cru littéraire malgré la vive polémique qui a opposé la lauréate du Goncourt, Marie NDiaye, au député UMP Eric Raoult.

 L’attribution mercredi de l’Interallié à Yannick Haenel pour „Jan Karski“ (Gallimard), livre témoignage sur un héros de la Résistance polonaise, est venue clore une quinzaine de haute tenue, parasitée seulement par une controverse à la fois politique et littéraire. Dès le 29 octobre, l’Académie française avaient montré la voie en attribuant son Grand prix du roman à Pierre Michon, considéré comme l’un des grands écrivains français contemporains, pour „Les onze“, publié chez Verdier. Le choix de „Trois femmes puissantes“ (Gallimard) de Marie NDiaye par les Goncourt, le 2 novembre au premier tour de scrutin, confirmait la volonté de distinguer des auteurs confirmés qui font la littérature d’aujourd’hui. Un Goncourt 2009 d’autant plus salué que le prix n’avait pas été attribué à une femme depuis 1998.
Distingué pour „Un roman français“ (Grasset), Frédéric Beigbeder quittait sa casquette de critique littéraire jet-setteur pour celle d’écrivain pudique, récompensé selon les jurés pour „son meilleur roman“. Les livres de Marie NDiaye et Beigbeder figurant parmi les meilleures ventes depuis leur sortie, les jurys collaient pour une fois aux goûts du public. Le coup de grisou est venu huit jours plus tard, avec la mise en cause de Marie NDiaye par Eric Raoult à propos de déclarations de la romancière parues en août dans „Les Inrockuptibles“. Marie NDiaye y qualifiait de „monstrueuse“ la France de Nicolas Sarkozy et expliquait son départ pour Berlin en 2007 en partie à cause de l’élection de M. Sarkozy à l’Elysée. En évoquant un supposé „devoir de réserve“ des écrivains, le député suscitait un tir de barrage du monde des lettres, mais aussi de l’opposition à Nicolas Sarkozy, en défense de Marie NDiaye et de la liberté d’expression. Une polémique qualifiée d'“anecdotique“ et „ridicule“ par le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, qui s’est gardé de prendre parti. „Marie NDiaye a pris ça avec une grande sérénité. C’est un formidable Prix Goncourt, la polémique a contribué à la faire connaître d’avantage“, confiait mercredi son éditeur, Antoine Gallimard. Tiré dans un premier temps à 200.000 exemplaires, „Trois femmes puissantes“ a été réimprimé trois fois depuis l’annonce du Goncourt, pour atteindre un tirage global de 450.000 exemplaires. Il s’annonce en termes de ventes comme l’un des grands Goncourt de ces dernières années. Retour à la littérature avec le Femina attribué à Gwenaëlle Aubry pour „Personne“ (Mercure de France). Et le Médicis au Canadien d’origine haïtienne Dany Laferrière, pour „L’énigme du retour“ (Grasset). Avec quatre des principaux prix sous sa marque – Goncourt, Interallié, Renaudot essai pour „Alias Caracalla“ de Daniel Cordier, et Médicis étranger pour „Le grand quoi“ de Dave Eggers – Gallimard a à nouveau écrasé la quinzaine. Grasset s’est quand à lui replacé, avec le Renaudot et le Médicis. D’autres titres bien accueillis à la fois par le public et la critique ont été distingués, comme „La vérité sur Marie“ (Minuit) de Jean-Philippe Toussaint qui décroche le Prix Décembre. Présent dans la plupart des sélections, „Des hommes“ (Minuit) de Laurent Mauvignier est en revanche absent du palmarès.