/ Mostra : une rupture amoureuse et un joli conte pour enfants signé Miyazaki
En proie à une crise de démence dans son appartement de la région parisienne, Anne-Marie (Dominique Blanc) se donne un violent coup de marteau sur la tête.
Cette assistante sociale de 47 ans, divorcée, a quitté Alex (Cyril Gueï), son amoureux, car celui-ci voulait vivre en couple, or elle aspire à la „liberté“.
Mais lorsqu’Alex entame une liaison avec une autre femme, Anne-Marie sent monter en elle une jalousie dévastatrice qui lui fait perdre la raison. Adapté de „L’occupation“, un roman d’Annie Ernaux, „L’autre“ introduit dans ce drame intime un troisième personnage, omniprésent : l’univers urbain. Survolée au cours d’un plan nocturne filmé en hélicoptère au début du film, la ville est d’emblée oppressante, une sensation renforcée en permanence par la bande son, où dominent sons stridents, bruits métalliques et électroniques. Froide avec ses lieux de transit déshumanisés, tentaculaire avec ses réseaux routiers sans fin, la ville est un lieu d’aliénation, nous disent à chaque plan Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic, dont c’est le deuxième long métrage de fiction, cinq ans après „Dancing“. La photographie accentue le côté glacial de cet univers avec une palette de couleurs éteintes où dominent le gris et des éclairages blafards à profusion. Des scènes filmées au téléobjectif, afin de donner un aspect „volé“ aux images, et un montage rapide contribuent à créer une tension constante. Mais ce dispositif très démonstratif, qui sert un point de vue univoque sur le personnage – sa solitude de femme mûre est immense – tend à lasser. En outre, l’invraisemblance de certains détails étonne. Bien qu’exerçant la profession mal payée d’assistante sociale – et non d’écrivain comme dans le roman -, l’héroïne ne fréquente que des amis très bourgeois, une boutique de luxe et des restaurants cossus. Très attendu, „Ponyo on the cliff by the sea“, du Japonais Hayao Miyazaki, 67 ans, raconte l’amitié entre Sosuke, cinq ans, et le poisson rouge que celui-ci a retrouvé à l’étroit dans un petit bocal, sur la plage. Doté de pouvoirs magiques mais prisonnier d’un mage qui vit au fond des océans, Ponyo refuse son destin de poisson et se transforme en petite fille pour rejoindre Sosuke.
Insulté, l’océan se venge en provoquant un tsunami. Récompensé en 2005 d’un Lion d’or pour 25 ans d’une carrière jalonnée de chefs-d’oeuvre – „Porco Rosso“ (1992), „Princesse Mononoke“ (1997), „Le voyage de Chihiro“ (2001) -, Miyazaki s’est ici inspiré du célèbre conte d’Andersen „La petite sirène“.
„Dans mon équipe, beaucoup de personnes ont eu des enfants dernièrement. En voyant ces nouveaux-nés, j’ai pensé à tourner ce film“, a expliqué le réalisateur, qui a aussi plaidé pour l’animation traditionnelle en 2D. „Il faut utiliser le numérique tout en continuant à se servir d’un crayon“. Si l’on retrouve la féerie de son univers, les thèmes universels (la guerre, l’harmonie avec la nature) d’ordinaire traités par Miyazaki sont absents. Reste un joli conte pour enfants, ce qui n’en fait pas un candidat au Lion d’or, estimait-on.
La Mostra a aussi découvert „Il papà di Giovanna“ de l’Italien Pupi Avati, où une jeune fille tue, dans un accès de démence, une camarade de classe, dans l’Italie de Mussolini. Trop platement réalisé pour émouvoir, ce mélo souffre d’un „happy end“ difficilement crédible.
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