Mort de l’écrivain John Updike, grand peintre de la petite Amérique

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Le prolifique écrivain américain John Updike, qui a dépeint avec humour l'Amérique des petites villes et des banlieues aux prises avec le sexe, l'amour et la religion, est mort mardi à l'âge de 76 ans d'un cancer du poumon.

„C’est avec une grande tristesse que j’annonce la mort ce matin de John Updike à l’âge de 76 ans, après une lutte contre le cancer du poumon“, a indiqué mardi Nicholas Latimer, porte-parole de sa maison d’édition Knopf. Tout au long d’une carrière de plus d’un demi-siècle, cet auteur prolifique à l’humour caustique a écrit au moins une dizaine de recueils de nouvelles et 25 romans, dont la célèbre saga des cinq „Rabbit“ parue de 1960 à 1990. „Rabbit est riche“ (1981) et „Rabbit en paix“ (1990) lui permettront de rafler à deux reprises le prestigieux prix Pulitzer de littérature en 1982 et 1991.
Son oeuvre compte aussi plusieurs recueils de poésie, des critiques littéraires et des articles pour le magazine The New Yorker. „C’était l’un de nos plus grands écrivains et il nous manquera cruellement“, a souligné M. Latimer. Pour l’American Academy of Achievement, institution qui récompense chaque année des personnalités du monde des arts, de la politique ou des sciences, „c’était l’un des premiers hommes de lettres d’Amérique“. John Updike, né le 18 mars 1932, racontait lui-même comment une enfance solitaire dans une ferme de Pennsylvanie (nord-est) l’avait préparé à une vie „cérébrale“.
„Il souffrait de bégaiement et de psoriasis, des maladies qui le tenaient à l’écart des autres. Il avait trouvé le réconfort dans l’écriture et avait obtenu une bourse pour Harvard“, rappelle l’Academy. „Ma mère rêvait d’être écrivain et je la voyais souvent taper à la machine dans le salon. C’est là aussi que je me réfugiais quand j’étais malade, je m’asseyais à côté d’elle et je la regardais“, se souvenait John Updike. Le sexe jouait un rôle important dans son oeuvre. En 1968, il avait fait scandale avec „Couples“ dans lequel il racontait les échanges sexuels d’une dizaine de couples dans une petite ville imaginaire. Dans une existence d’homme, „les trois choses les plus secrètes sont le sexe, l’art et la religion“, disait-il. En 1984, son roman „The Witches of Eastwick“ („Les sorcières d’Eastwick“), porté rapidement à l’écran avec pour vedettes Jack Nicholson, Cher et Susan Sarandon, avait suscité de vives critiques des mouvements féministes. En 2008, il en avait publié une suite, „The Widows of Eastwick“ („Les veuves d’Eastwick“).
Petit-fils d’un pasteur presbytérien et lui-même profondément chrétien, John Updike se disait volontiers nostalgique des Etats-Unis de son enfance. Mais „Rabbit et moi avons tous les deux été agréablement frappés, au cours des cinquante dernières années, par le recul du puritanisme dans le domaine des lois, des moeurs et des modes féminines“, confiait-il en 2005 à l’hebdomadaire français „Le Nouvel Observateur“. La plupart de ses romans avaient pour cadre des petites villes américaines apparemment sans histoires mais ses personnages étaient traversés d’interrogations philosophiques et de doutes existentiels. Et s’il était l’un des auteurs les plus célébrés d’Amérique, c’est aussi l’Amérique qui a nourri toute son
oeuvre.


L’écrivain John Updike, chroniqueur caustique et prolifique de l’Amérique (PORTRAIT)

NEW YORK, 27 jan 2009 (AFP) – L’écrivain américain John Updike, mort à l’âge de 76 ans, a consacré la majeure partie d’une oeuvre imposante à la description caustique de la vie des Américains moyens dans les petites villes ou les banlieues de l’Est américain. Né le 18 mars 1932 en Pennsylvanie (nord-est), John Hover Updike, qui a succombé à un cancer du poumon selon son éditeur new-yorkais, vivait près de Boston (Massachusetts, nord-est), en Nouvelle Angleterre. Ancien collaborateur au magazine New Yorker, il avait connu la célébrité grâce à „Coeur de lièvre“ („Rabbit Run“, 1960), le premier roman d’une série de cinq aventures de Harry „Rabbit“ Angstrom, qui décide de fuir son foyer pour tenter d’échapper à la médiocrité de son existence. Harry revient chez lui dans „Rabbit rattrapé“ („Rabbit Redux“, 1971), retrouvant la même insatisfaction, mais s’en accommode en devenant riche dans „Rabbit est riche“ („Rabbit is Rich“, 1981) avant d’affronter la mort dans „Rabbit en paix“ („Rabbit at Rest“, 1990). Ces deux derniers romans ont valu à Updike d’obtenir à deux reprises le prestigieux prix Pulitzer de littérature dans la catégorie fiction, en 1982 et 1991.
„Rabbit“ avait refait surface avec la même régularité décennale en 2001 dans „Souvenirs de Rabbit“ („Rabbit Remembered“), une nouvelle publiée dans le recueil „Solos d’amour“. L’autre alter ego d‘Updike, le romancier juif new-yorkais imaginaire Henry Bech, était aussi un personnage récurrent dans son oeuvre, d’abord dans des nouvelles, puis dans trois recueils parus en 1970, 1982 et 1998. Updike avait même attribué à cet „auteur américain à demi-obscur“, prétexte à de nombreuses mises en abîme et clins d’oeil au monde de l’édition, un Prix Nobel fictif de littérature en 1999. Le sexe joue un rôle important dans l’oeuvre d‘Updike, qui en 1968, avait fait scandale avec „Couples“ dans lequel il racontait les échanges sexuels d’une dizaine de couples dans une petite ville imaginaire. En 1984, son roman „The Witches of Eastwick“ („Les sorcières d’Eastwick“), porté rapidement à l’écran avec notamment Jack Nicholson, Cher et Susan Sarandon, avait suscité de vives critiques des mouvements féministes. Profondément chrétien, Updike, dans ses entretiens les plus récents, se disait volontiers nostalgique des Etats-Unis de son enfance. „L’Amérique qui se présente automatiquement à mon imagination est un pays semi-rural où la radio, le téléphone, le cinéma sont des nouveautés (et) où les spectres de la moralité protestante exercent encore une forte influence“, avait expliqué Updike en 2005 à l’hebdomadaire français „Le Nouvel Observateur“. Mais il avait aussi affirmé que „Rabbit et moi avons tous les deux été agréablement frappés, au cours des cinquante dernières années, par le recul du puritanisme dans le domaine des lois, des moeurs et des modes féminines“. En 2006, Updike avait à nouveau créé l’événement en publiant „Terrorist“, un roman où il tentait d’entrer dans le cerveau d’Ahmad Ashmawy Mulloy, un jeune américain musulman de 18 ans qui tombe dans les filets d’un imam fondamentaliste.
Mais ce portrait plein d’empathie pour un jeune homme devenu terroriste par dégoût des excès de l’Amérique avait été mal accueilli par la critique, cinq ans après les attentats du 11-Septembre. Au total, Updike avait écrit près de 60 livres, dont des romans et des recueils de nouvelles, mais aussi de la poésie, du théâtre, des essais et des critiques littéraires.