Expo L’imaginaire de Pompéi

Expo  / L’imaginaire de Pompéi
Reconstitution d’une rue pompéienne avec vue sur volcan Photo: Grand Palais

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Pompéi, disparue à la suite de l’éruption du Vésuve, ensevelie sous les cendres en 79 après J.-C., est à l’honneur au Grand Palais, avec de nouvelles découvertes archéologiques et un procédé d’exposition particulier. L’expérience consiste à mettre l’histoire à la portée de tous, à en faire un espace ludique, ceci en 3D. De quoi attirer les foules, sauf que la crise sanitaire en limite les effets.

Le mode d’exposition est en train de muter, on s’en était déjà aperçu lors d’expositions çà et là, par exemple avec l’œuvre de Klimt ou de Van Gogh, projetées sur des espaces surdimensionnés. Comme s’il fallait un autre écran sur la technique du peintre, ne plus en percevoir l’aura, mais aller de manière spectaculaire s’y promener. Voilà une autre façon de reposer la question de l’œuvre, de son aura et de sa reproductibilité, chère à Walter Benjamin. Ici, pour Pompéi, il s’agit de faire du spectateur un archéologue, de suivre à partir du chantier de fouilles le processus d’exhumation et de le transporter dans une ville idéale, avant l’éruption, certaines maisons reconstituées minutieusement ainsi que les décorations, les rues et leurs inscriptions. Puis, quart d’heure d’émotion, dans une alliance d’émotion et de documentation, nous „revivons“ l’éruption du Vésuve. Catastrophe et sensation garanties. Puis nous passons aux nouvelles pièces apportées au trésor.

Nous portons tous en nous l’imaginaire de Pompéi, d’une vie arrêtée, que nous nous plaisons à reconstituer. Nous avons pour la plupart cette curiosité parfois morbide pour le drame pompéien, et ce besoin de retrouver trace de cette vie comme en suspens. C’est dans ce sentiment de bascule que se situe finalement, de manière fantasmatique, le lieu de cette exposition, comme un monde clos, enfin mis à nu. Il y a ici des pièces de toute beauté, des sculptures, des objets, nous sommes les fouilleurs du passé, grâce à l’avancée des technologies numériques et aux expériences sensationnelles qu’elles proposent. Jusqu’au point de penser, ajoutant à l’image la sensation du drame, en voyant un objet intact, que celui-ci aurait pu tomber d’une étagère pendant l’éruption, enfin c’est ce qu’on peut en lire. C’est cette élaboration du drame, répétons-le, qui sous-tend l’imaginaire de Pompéi, et ceci est rendu plus patent par la qualité de préservation des découvertes. Sous les cendres, les vestiges d’une vie.

Au coeur de la ville antique

Dans cette ville dont la visite se fait à 360°, nous découvrons les récentes mises à jour de grandes demeures, comme La Maison au Jardin, La Maison de Léda et le cygne, La Maison d’Orion, ce qui nous permet de contempler, à la manière de mirages, fresques et mosaïques. Depuis l’effondrement de la Maison des Gladiateurs en 2010, le site archéologique, inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, est davantage préservé et la vigilance de la communauté internationale a permis des fouilles de grande ampleur. Aux lieux sont associées la rumeur quotidienne, la musique. C’est à une sorte de flânerie pompéienne que le visiteur est convié, comme s’il était finalement dans un jeu de rôle.

Ainsi, il aura également droit à l’éruption du Vésuve. Il est même signalé que l’éruption a lieu toutes les quinze minutes et qu’elle dure deux minutes trente secondes. Après, place aux trophées et au „dernier fugitif“, le squelette d’un homme de quarante ans, figé sur place. Les objets et les fresques, les statues, sont revenus au grand jour. Les archéologues ont également trouvé des trous dans les murs, aux endroits des maisons censées recéler des objets précieux, des trous faits par des pilleurs. Ainsi se construit la légende, ainsi se nourrit l’imaginaire, d’une cité aux maisons avec des jardins, pour certaines, inspirées dans leur style des habitations grecques, avec des hommages aux ancêtres, des inscriptions politiques sur les murs, des images des combats sanglants des gladiateurs. La vie ordinaire d’un Pompéien, en somme, entouré de ses objets ornementaux ou utilitaires.

Il y a du grand art statuaire et des fresques comme autant de moments de grâce, de beauté, de délicatesse. Retenons la Statue de Livie, épouse de l’empereur Auguste, 1er siècle après J.-C. (marbre), portrait idéalisé qui rend hommage à la dynastie régnante. Où l’on note la science du drapé et la beauté d’un visage aquilin, pour une statue-portrait jadis polychrome. Ailleurs, pour la première fois exposée hors d’Italie, La déesse Vénus sur son char tiré par des éléphants (1er siècle après J.-C.) est une fresque à l’iconographie traditionnelle. Debout sur un quadrige à la forme de proue de navire tiré par quatre éléphants, elle apparaît triomphante, dans un voisinage de la représentation impériale.

Des objets, des agencements de pièces, notamment de la cuisine, des jardins, des bijoux et des amulettes, donnent le sens du détail à cette visite en immersion. Gageons que de tels procédés numériques mettront à l’honneur d’autres espaces archéologiques pour des expositions savantes.

Info

Jusqu’au 27 septembre 2020
Entrée Square Jean Perrin
www.grandpalais.fr