/ La voix singulière de "Mireille" de Gounod s'épanouit au Palais Garnier
La représentation, suivie de neuf autres jusqu’au 14 octobre, était diffusée en léger différé, en première partie de soirée, sur France 3, une initiative inédite pour une ouverture de saison de l’Opéra de Paris.
L’événement inaugurait le mandat de Nicolas Joël, 56 ans. Le nouveau directeur a pris un risque en ouvrant avec „Mireille“ de Charles Gounod (1818-1893), partition charmante mais souffrant d’un livret daté et mal ficelé, le genre d’ouvrages honni par son prédécesseur, le Belge Gérard Mortier. Le pari était d’autant plus osé que Nicolas Joël a décidé de signer lui-même la mise en scène: un choix qui peut surprendre quand on connaît la charge de travail à la tête d’une telle maison (deux théâtres, 1.600 salariés, 800.000 spectateurs par saison)… Mais Nicolas Joël était convaincu que cet ouvrage lié à l’histoire de l’Opéra-Comique, créé en 1864 d’après le poème („Mirèio“) de Frédéric Mistral, pouvait s’épanouir à l’Opéra de Paris. Et qu’il pouvait lui même assurer son voyage de Favart à Garnier. Le metteur en scène veille en tout cas à ne pas tomber dans le folklorisme piégeux de cet opéra „provençal“: pas d’arènes d’Arles au IIe acte, un sobre soleil brûlant pour styliser le désert au IV… Mais les costumes, les scènes rurales qu’on croirait sorties de tableaux de Jean-François Millet, le Rhône presque inanimé trahissent un artisanat un peu passé de mode. Heureusement, les interprètes donnent beaucoup d’eux-mêmes. Mireille, qui nourrit pour Vincent un amour qu’elle emportera au Ciel, est incarnée par Inva Mula: ardente, touchante, la soprano lyrique franco-albanaise ne démérite pas dans l’un des rôles les plus éprouvants du répertoire français, même si la scène de la Crau semble excéder ses moyens. Autour d’elle, le plateau frappe par son homogénéité, notamment dans la maîtrise du français, à l’image du ténor américain Charles Castronovo (Vincent) et de la mezzo Sylvie Brunet (la sorcière Taven), qui fait un sort à chaque mot.
Les petits rôles ont été luxueusement distribués, avec plusieurs débuts attendus à l’Opéra de Paris (la Belge Anne-Catherine Gillet en Vincenette, Sébastien Droy en Andreloun et Amel Brahim-Djelloul en Clémence). Dans la fosse officie un chef dont la passion du répertoire français n’est plus à démontrer: Marc Minkowski guide l’Orchestre de l’Opéra dans un Gounod raffiné mais sans légèreté excessive. En écho à la production, la maison a conçu une belle exposition sur „Gounod, +Mireille+ et l’Opéra“ (à la Bibliothèque-musée jusqu’au 18 octobre).
L’Opéra a aussi programmé un ciné-concert à partir du film muet „L’Arlésienne“ (1922) d’André Antoine (19 septembre) et une soirée littéraire consacrée à Mistral, pour les 150 ans de son poème „Mireille“, par les sociétaires de la Comédie-Française Isabelle Gardien et Bruno Raffaelli (29). Sans oublier un salon musical évoquant un „Gounod méconnu“ (4 octobre).
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