„La vie est une loterie macabre“ – „Vanitas. Live fast, never digest“, une mise en scène pluridisciplinaire

„La vie est une loterie macabre“ –  „Vanitas. Live fast, never digest“, une mise en scène pluridisciplinaire

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Se purifier avec du céleri, car on ne sait plus quoi faire dans la vie, ou encore mettre en scène sa propre mort sur Instagram pour des „likes“ et des „views“, un prime time suicide, triomphe post mortel absolu. Ce samedi la nouvelle création „Vanitas. Live fast, never digest“ des artistes en résidence Pierrick Grobéty et Sandy Flinto a envahi le plateau de la Kulturfabrik à Esch/Alzette.

Von Sara Goerres

Le terme vanitas employé dans le titre de la pièce fait référence à la peinture des natures mortes, qui symbolisent le passage du temps, la fragilité de la vie et tout ce qui est inutile et vide de sens. La pièce part de cette réflexion et nous plonge dans une réalité contemporaine surchargée, qui ne semble jamais s’arrêter, une vraie course contre le temps.

L’enseigne lumineuse „Vanitas“, qui trône au-dessus du plateau, fait penser à un manège de cirque et en quelque sorte on devient aussi le spectateur d’un grand spectacle de cirque: on retrouve sur la scène un danseur, un acteur qui incorpore plusieurs rôles, entre autres un joueur d’échec, un scientifique, un „life coach“, et puis on observe un coureur, un tatoueur et son client et deux musiciens, en effet un chanteur et une violoncelliste, qui est aussi chanteuse. Ainsi ce grand show met en scène notre propre vie contemporaine, où le consumérisme domine et le bonheur est disponible 24h/24 et 7j/7, même s’il s’agit d’un „fake“.

Le rideau noir et transparent, qui se trouve au milieu de la scène, devient d’un côté l’écran de projection, mais d’un autre côté il sépare la réalité du danseur de celles des autres personnes présentes sur le plateau. Des projections de nos organes, d’abord le cerveau, puis encore autres images d’IRM apparaissent tout au long de la pièce et créent le lien avec la médecine et la mort et la volonté d’être immortel.

„Le décès est un événement administratif“

La machine médico-musicale, placée à l’arrière-plan, occupe une place centrale dans la pièce, elle est inspirée de la machine coeur-poumon. Cet appareil dicte le rythme de la pièce et symbolise le progrès de la médecine, mais aussi la mortalité du corps humain.

L’acteur, au début déguisé en scientifique et portant des lunettes de soleil, pratique un discours très ironique. Il énumère constamment des faits absurdes: „Exploiter des données médicales à des fins commerciales“, „La vie est une loterie macabre“, „La vie est un ensemble de fonctions qui résistent à la mort“, „Le décès est un événement administratif“. En même temps, les sons du tapis de course et de la machine de tatouage deviennent de plus en plus forts et intensifient le discours et la rapidité du spectacle. Tout au long de la pièce, le jeu entre sons et lumières s’entremêle avec l’action et crée une ambiance de stress intense.

Le tatoueur et le coureur, qui poursuivent leurs actions dans un rythme régulier sur le plateau, racontent leurs points de vue sur leurs grandes passions dans des petites vidéos projetées. Les deux actions sont dominées par la douleur, qui les pousse à continuer et sans cette sensation douloureuse, cette procédure n’aurait probablement aucun sens. „L’aiguille de la douleur est plantée dans la peau et motive de poursuivre la chasse“, ainsi l’explique le coureur.

Un hymne à la vie et ses absurdités quotidiennes

Le „life coaching“ ironique qui résulte dans la véritable purification avec le céleri pratiquée par le danseur. Ou encore l’acteur, quand il joue le rôle du manager, exerçant de nouveau une allocution sur l’homme du futur et la mort, fait allusion à un directeur de cirque ou un vendeur sur une kermesse un peu loufoque, qui essaie à tout prix de convaincre la foule de jouer. Ces moments forts de la pièce critiquent l’absurdité de notre vie contemporaine.

Bien que la pièce est extrêmement surchargée et parfois dure à suivre, à cause de tous les effets de lumières et de sons, bruits du tapis de course, de la machine médico-musicale, de l’aiguille de tatouage, la musique, le chant et les actions qui se déroulent toutes simultanément, elle transmet clairement le message, qui entoure notre société actuelle.

Une société, où tout s’accélère sans fin et sans un vrai sens, où les „likes“ et les „views“ sur les réseaux sociaux prennent plus d’importance que la vraie vie, où échapper à la mort et la vieillesse devient plus essentiel que la vie elle-même. Clairement „un hymne à la vie et ses absurdités“ quotidiennes.

A la toute fin, la soprano Valérie Stammet reste seule sur scène et résume en chantant l’ensemble de la pièce. A discuter si le chant lyrique était le meilleur choix pour poser la question finale: „Pourquoi cherchons-nous constamment à repousser nos limites?“