La Mostra met le spectateur \“dans les bottes\“ du soldat américain en Irak

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La guerre en Irak a fait irruption à la Mostra de Venise, avec \"The Hurt Locker\", où l'Américaine Kathryn Bigelow met littéralement le spectateur \"dans les bottes\" de militaires accros aux montées d'adrénaline, sans jamais élargir son cadre aux réalités du conflit.

 Cette 65e édition, dont le Lion d’or sera décerné samedi, suscitait toujours d’acerbes critiques dans la presse internationale. „La compétition est dénuée de lustre, depuis le risiblement raté +Inju, La Bête dans l’ombre+ de Barbet Schroeder jusqu’à l’incompréhensible +Plastic City+, en passant par le pire : la pédanterie malade de +Nuit de Chien+ de Werner Schroeter“ écrit jeudi Wendy Ide, du quotidien britannique The Times. Montré la veille, „Rachel getting married“ de Jonathan Demme est un portrait de famille qui „se veut proche, humaniste, complexe et émouvant“ mais n’est que „fade et ennuyeux“, estime Carlos Boyero, critique du journal espagnol El Pais. Jeudi, la Mostra accueillait Kathryn Bigelow, 57 ans, connue pour l’efficacité de son cinéma d’action, de „Point Break, extrême limite“ (1991) à „K 19, le piège des profondeurs“ (2002). Son film „The Hurt Locker“ suit, à Bagdad, le travail quotidien d’une équipe de militaires spécialistes du déminage, où s’opposent le sergent Sanborn (Anthony Mackie) et une tête brûlée, William James (Jeremy Renner). Accro au danger comme à une drogue, James prend des risques fous. Auteur et co-producteur du film, Mark Boal, journaliste au magazine Play Boy, a aussi co-écrit le scénario de „Dans la vallée d’Elah“ de Paul Haggis, le portrait d’un vétéran de guerre à la recherche de la dépouille de son fils, soldat en Irak, présenté à la Mostra 2007. Journaliste „embarqué“ avec les troupes américaines à Bagdad en 2004, Mark Boal voit dans „The Hurt Locker“ un film qui met „le spectateur dans les bottes du soldat“, a-t-il dit à la presse, à Venise. Mais le film ne tente jamais d’élargir le cadre, d’où ses limites. Pauvre au plan cinématographique, lassant avec ses scènes au déroulé immuable – arrivée sur les lieux, déminage, explosion ou fusillade de „l’insurgé“ localisé -, il imite le reportage de guerre télévisé, multipliant les cadres mouvants et les violents coups de zoom. „Je voulais donner à cette guerre un visage humain, montrer ce que ressent un soldat en Irak“, a affirmé Kathryn Bigelow, ajoutant : „Il n’y a presque pas d’images de l’Irak dans mon pays, c’est l’une des raisons qui m’ont poussée faire ce film“.
„Ma représentation est vraie, réaliste et précise, je pense“. Mais à l’opposé de Brian de Palma, venu à la Mostra 2007 avec „Redacted“ qui montrait les bavures de l’armée, Kathryn Bigelow dépeint de jeunes militaires dotés d’un solide sens moral, généreux, héroïques en toutes circonstances. Rien de tel dans la représentation du camp opposé, où l’ennemi invisible se caractérise par la fourberie, la lâcheté et la sauvagerie – une simplification qui rappelle celle des films de propagande. La population irakienne se réduit, elle, à des silhouettes en fuite, des visages tantôt goguenards, tantôt apeurés, entr’aperçus quelques secondes. Après „Teza“ de l’Ethiopien Haile Gerima, le deuxième film en compétition venu d’Afrique, „Gabbla“ de l’Algérien Tariq Teguia, était dévoilé. Contemplatif et très lent, il suit Malek, un géomètre venu faire des relevés topographiques dans le désert – superbement photographié -, d’un ouest algérien ravagé par la guerre entre l’armée et les groupes islamistes. Il rencontre, vers la fin du film, une émigrée clandestine à bout de forces.