Des contes de fées en rut

Des contes de fées en rut

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Une quinzaine de rôles pour six comédiens, voilà un beau défi pour „Elle voit des nains partout“, pièce burlesque de Philippe Bruneau. La mise en scène diversifiée de Joel Delsaut a été très bien travaillée malgré les difficultés évidentes de jouer sur une scène aussi petite que celle du TOL.

Mike Robert

Qui dit nains de Blanche-Neige pense irrémédiablement aux fameux contes des frères Grimm réputés pour leur cruautés. Exact. Mais cette fois-ci point de cruautés à faire pleurer les enfants. Les cinq actes de Bruneau se distinguent plutôt par une bouffonnerie exquise, un texte en alexandrins, et surtout par une parole faisant couramment des allusions charnelles évidentes. Cela rend les figures plus humaines, plus abordables.

Mélodie de „La vie en rose“ version Grace Jones. La fée des nains (Catherine Marques), dans ses leggings jaunes, annonce donc l’histoire de Blanche-Neige, et prévient d’un air malicieux que les spectateurs trop sensibles auraient encore le temps de partir. D’ailleurs, à notre avis, les spectateurs en dessous de dix ans (ou en dessous de douze) risqueront un peu d’être perdus dans la pièce.

Musique de cour

Musique de cour. Apparition du roi gourmand (Jean-François Wolff) qui attend la naissance de son fils. Hélas, ses proches – le connétable Albert (Jean-Marc Barthelemy) et Amélys (Caty Baccega) – lui annoncent une fille ainsi que la mort de la reine. La future Blanche-Neige est née. Le cuisinier italien Fernando (Emmanuel Leforgeur) se montre toujours espiègle. Son costume bleu lui donne des allures d’un schtroumpf en grande forme. D’ailleurs les couleurs de costume sont variées.

Le roi en noir, Amélys en rose, le connétable en vert grenouille. Plus tard s’y ajoutera le rouge du Petit Chaperon (Myriam Gracia). A les entendre tous à l’œuvre ils font penser à des voix de dessins animés. Surtout celles de Jean-Marc Barthelemy (le vénérable vieillard) et de Caty Baccega (la petite fille à la voix d’une souris) ou encore Catherine Marques qui alterne son jeu vocal entre méchanceté (reine impitoyable) et douceur (la fée annonciatrice).

Le Petit Poucet (Emmanuel Leforgeur) est né de l’union entre Albert et Amélys. Blanche-Neige grandissante bien sûr sera plus belle que la reine, voire la fée du mal. Mécontente de sa situation celle-ci jettera un sort terrible sur Blanche-Neige qui désormais sera habité par des désirs charnels pertinents.

Rebondissements permanents dans cette histoire passionnante, riche en jeux de mots ambigus. Au cours d’une nuit sombre, le roi est revenu en tant que gardien de la mort pour emporter Albert le connétable.

Petit Poucet tentera en vain de séduire la belle femme. Il est trop petit pour subvenir aux besoins de la malheureuse. A présent notre conte de fée aura sa rencontre avec le roi d’Angleterre (J-M Barhelemy) qui s’amène en jupes écossaises pour séduire Blanche-Neige comme on le lui a indiqué. Mais vu que ce roi ne fait qu’une piètre impression, Blanche-Neige, déçue, devra implorer la fée pour qu’elle change le viril Petit Poucet en homme de grande taille.

La farce est presqu’à son comble lorsque Petit Poucet devient le grand Henry mais homosexuel. Même jeu d’implorations. Chaperon rouge elle aussi s’intéresse au bel homme. Tout est bien qui finit bien, Henry est redevenu hétérosexuel, pour le grand plaisir des dames.

L’ambiance sur scène n’aura jamais été monotone en partie aussi grâce aux arrière-fonds constamment illuminés par une autre couleur. Il convient de le rappeler que cette pièce longue, et pas facile à monter, aura su plaire notamment par l’excellente prestation des six comédiens.
Une belle comédie qui vaut la peine d’être vue.

Elle voit des nains partout
de Philippe Bruneau
Représentations le 25 juin et les 1, 2, 3, 7, 8 et 9 juillet
à 20.30 h
au Théâtre Ouvert
du Luxembourg
143, route de Thionville
Luxembourg-Bonnevoie
Tél.: (+352) 49 31 66
www.tol.lu