„A Dawn to Fear“: les pionniers du post-métal viscéral Cult of Luna alternent entre lumière et obscurité

„A Dawn to Fear“: les pionniers du post-métal viscéral Cult of Luna alternent entre lumière et obscurité

Jetzt weiterlesen! !

Für 0,59 € können Sie diesen Artikel erwerben.

Sie sind bereits Kunde?

Avec „A Dawn to Fear“, le groupe de post-métal suédois Cult of Luna, originaire d’Umeå et formé en 1998 autour de Klas Rydberg au chant (qui a entre-temps quitté le groupe) et de Johannes Persson à la guitare (qui a entre-temps repris le chant), sort, en septembre 2019, son huitième album studio. L’album s’est fait attendre pendant trois ans, depuis le formidable „Mariner“, enregistré en collaboration avec la chanteuse américaine Julie Christmas, et entre-temps le groupe a quitté le label Indie Recordings pour Metal Blade Records.

Par Ian De Toffoli

Cult of Luna, pionnier dans le genre du post-métal, du métal plus expérimental, est connu pour l’utilisation de divers éléments musicaux (du sludge, au rock psychédélique ou au doom-métal aux longues plages atmosphériques), ainsi que – et sur ce nouvel album ils ne s’en privent pas et restent ainsi dans leurs traditionnels schémas musicaux – de chansons souvent très lentes, longues, répétitives, cycliques, écrasantes, mêlant les sons distordus de guitares, une percussion ample et complexe à des interludes plus orchestrés, aux instruments acoustiques, sobres.

Comme souvent dans le passé, et comme le montre le magnifique titre „Lights on the Hill“, qui dure 15 minutes et commence par quatre minutes de mélodie mystérieuse évoquée par quelques sons de guitare, le groupe refuse des structures conventionnelles de chansons, préfère laisser le son évoluer lentement vers un crescendo tonitruant, créant cette alternance marquante entre lumière et obscurité qui caractérise leur style.

Mais à la différence du susmentionné dernier album, le son de „A Dawn to Fear“ – l’incipit brutal du premier titre, „The Silent Man“, le démontre amplement – est plus viscéral, plus sauvage, plus imposant, la voix de Persson plus gutturale, les riffs de guitare plus rauques, beaucoup moins polis. Le groupe ne se gêne pas le moindre du monde pour commencer son nouvel album avec une chanson explosive qui dure plus de dix minutes.

Mentionnons également la chanson éponyme et le titre le plus majestueux de l’album, „A Dawn to Fear“, qui n’est pas sans rappeler le formidable titre „Passing Through“, de l’album „Vertikal“ de 2013, dans ses qualités shamaniques, un peu d’outre-monde, marqué par un air de rituel, de ritournelle maléfique, de transe cyclique, accompagné d’une voix sombre à plusieurs couches et échos, qui chante des paroles vaguement apocalyptiques et révélatrices (ce qui est à peu près la même chose, étymologiquement) sur une nouvelle ère qui approche et une nuit qu’on voudrait ne pas voir s’effacer tout de suite. Quel délice, cette chanson!

Les 80 minutes (que durent les huit chansons) de ce septième album de Cult of Luna sont donc, avec d’autres nouveaux albums, comme ceux de Russian Circles ou Pelican, d’autres formations appartenant plus ou moins au même genre de musique, ce qu’il y a de mieux et de plus intelligent dans la matière, en ce début d’automne gris et pluvieux. Le groupe y fait preuve d’une complète maturité et assurance.