Freitag14. November 2025

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FranceRéforme des retraites: une semaine décisive?

France / Réforme des retraites: une semaine décisive?
Des manifestants utilisent des parapluies pour se protéger des tirs de gaz lacrymogène Photo: AFP/Sébastien Salom-Gomis

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La semaine qui s’ouvre en France lundi pourrait bien être décisive, non seulement pour la réforme des retraites, mais aussi pour le fonctionnement des institutions. Trois données essentielles en marquent le contexte.

D’une part, le président Macron et son gouvernement restent, à l’évidence, très résolus à en obtenir le vote, d’une façon ou d’une autre. A la lettre collective par laquelle les dirigeants syndicaux lui demandaient d’être reçus ensemble à l’Elysée, après la grande journée d’action de mardi dernier, le chef de l’Etat a répondu par une missive qui constitue, au sens propre de l’expression, une fin de… non-recevoir. Car il refuse de les inviter à venir le voir, et leur signifie que l’heure n’est plus aux négociations mais au vote du Parlement. Attitude qui a le mérite de la clarté, mais point celui de l’ouverture d’esprit ou de la souplesse tactique.

En second lieu, les manifestations de samedi auront, cette fois-ci, connu un bien moindre succès. Certes, réunir près de 400.000 manifestants sur l’ensemble de la France n’est pas donné à tout le monde… Mais c’est tout de même trois fois moins, en gros, que les fois précédentes. On se garde, du côté du gouvernement, de l’interpréter comme un revirement de l’opinion, de nouveaux sondages en attestent, mais cela marque peut-être quand même l’apparition d’une sorte de lassitude navrée.

Enfin, le Sénat, dont on se demandait s’il parviendrait à boucler son débat et à voter avant la limite d’hier soir, a finalement approuvé le texte dès samedi vers minuit, avec un important renfort de la droite qui est majoritaire dans la Haute-Assemblée. Sans doute ne s’agit-il pas là d’une bien grande surprise, mais le vote des sénateurs ôte tout de même un poids à l’exécutif.

La suite des opérations va d’abord passer par la réunion d’une „commission mixte paritaire“, composée de sept sénateurs et sept députés. Celle-ci va tenter d’aboutir, mercredi, à un texte commun entre les deux chambres, qui devront ensuite se prononcer, sachant que de toute façon l’Assemblée nationale, elle, n’était pas allée jusqu’au bout de son examen, c’est même encore peu dire.

Etats d’âme à droite

Et c’est là que tout pourrait se compliquer terriblement à nouveau pour le gouvernement. Car le vote d’une majorité de députés en faveur de la réforme n’est pas acquis. Certes, sur le papier, si l’on additionne les voix macronistes et celles de la droite modérée, cela pourrait suffire. Mais plusieurs élus de la majorité présidentielle ont manifesté des réticences ces temps derniers; sans aller jusqu’à voter contre la réforme, ils pourraient s’abstenir.

Quant aux députés LR, ils sont en proie aux états d’âme. Beaucoup disent: „On nous a élus pour nous opposer à Macron, pas pour lui servir de supplétifs!“ Combien seront-ils finalement à sauter le pas, et à refuser leur soutien à une réforme qui reprend, à très peu près, leur propre projet – au point que Bruno Retailleau, président de leur groupe au Sénat, va répétant que „cette réforme est la nôtre“?

L’exécutif voudrait éviter d’en arriver, pour forcer le passage à son texte, à un nouveau recours à l’impopulaire article 49-3. Celui-ci déclencherait le dépôt d’une motion de censure, dont certains députés LR envisagent d’ailleurs de prendre carrément l’initiative. Si elle était adoptée, une telle motion engendrerait, outre bien sûr le rejet du texte, la démission du gouvernement, et probablement la dissolution de l’Assemblée, donc de nouvelles législatives, au résultat probablement peu favorable aux macronistes … On n’en est évidemment pas là; mais, on le voit, la partie n’est pas encore terminée.