FranceRéforme des retraites: Les propos télévisés de Macron ne semblent pas susceptibles de calmer les tensions

France / Réforme des retraites: Les propos télévisés de Macron ne semblent pas susceptibles de calmer les tensions
Le président français Emmanuel Macron s’est expliqué sur la réforme des retraites mercredi au journal télévisé face aux journalistes Julian Bugier et Marie-Sophie Lacarrau  Photo: AFP/Ludovic Marin

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Le président Macron s’est exprimé mercredi à la télévision, à l’occasion du journal de la mi-journée de TF1 et France 2, après que son gouvernement a échappé lundi à deux motions de censure visant son projet de réforme des retraites, lequel s’est trouvé, de ce fait, considéré comme adopté.

On attendait beaucoup de cet interview du chef de l’Etat: le moins que l’on puisse dire, à en juger par les premières réactions, est qu’elle a beaucoup déçu l’opposition. L’hôte de l’Elysée a notamment insisté sur le fait que, si contestée soit-elle, cette réforme était „nécessaire“, et il a confirmé qu’elle entrerait en vigueur „d’ici la fin de l’année“. Face aux nouvelles manifestations et grèves contre le texte de l’exécutif, et aux tensions entre les protestataires et la police, il a en outre affirmé qu’on „ne pouvait accepter ni les factions, ni les factieux“, et qu’„aucun débordement ne serait toléré“.

Il a toutefois manifesté l’intention de „réengager le dialogue avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail“, et d’„entendre ce besoin de justice“ exprimé par les manifestants, promettant que la discussion concernerait notamment l’évolution des carrières ou la pénibilité de certaines tâches, et se tiendrait „dans les prochaines semaines“. Mais il a regretté que les syndicats „n’aient pas présenté de propositions de compromis sur le texte, alors que le gouvernement l’a fait, en revanche, avec le Parlement“, a-t-il dit.

Emmanuel Macron a par ailleurs assuré qu’Elisabeth Borne „gardait toute sa confiance pour conduire l’équipe gouvernementale“, formulation destinée, à l’évidence, à couper court aux spéculations qui allaient bon train à propos d’un possible remplacement de la première ministre. Il s’est d’ailleurs déclaré „personnellement prêt à endosser l’impopularité de la réforme pour assurer sa mise en application“, ajoutant: „Moi, je ne cherche pas être réélu (…), et entre les sondages de court terme et l’intérêt général du pays, je choisis l’intérêt général du pays“. Et il n’est question, dans son esprit, ni de dissoudre l’Assemblée nationale, ni d’organiser un référendum sur les retraites, ni à plus forte raison de démissionner.

Réactions

Les réactions à ces propos, qui contrastaient fortement, dans le fond comme dans la forme, avec ce que beaucoup imaginaient, ne se sont pas fait attendre. Plusieurs présidents de groupes parlementaires d’opposition ont en particulier estimé que le président de la République affichaient plus que jamais son „mépris“ pour les Français.

Mais d’autres personnalités, notamment chez les Républicains et chez les syndicats, ont surtout mis l’accent sur le „caractère lunaire“, comme a dit Philippe Martinez pour la CGT, des propos macroniens, et sur le fait que, selon la formule du président du parti LR, Eric Ciotti, les solutions évoquées n’étaient „aucunement à la hauteur des problèmes posés“. D’autres encore évoquent le „déphasage complet“ du président avec l’opinion.

Pour l’instant donc, cependant que les grèves et les manifestations se poursuivent, et que le malaise politique ne semble pas s’être achevé avec le rejet des deux motions de censure, le chef de l’Etat compte manifestement sur son calme au moins apparent et sur sa détermination affichée pour finir par calmer le jeu, alors que ses adversaires comptent bien, au contraire, ne pas en rester là. En tout cas, M. Macron n’a vraiment pas trouvé, mercredi à la télévision, les accents propres à apaiser les tensions ; en fait, il ne paraît pas même les avoir cherchés.