FranceRéforme de retraites: des protestataires moins nombreux, mais toujours en colère

France / Réforme de retraites: des protestataires moins nombreux, mais toujours en colère
Manifestation hier devant le Palais Bourbon, le siège de l’Assemblée nationale, contre la réforme des retraites Photo: Bertrand Guay/AFP

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Qu’elle soit, ou non, la toute dernière sur le sujet, la 14e journée nationale de mobilisation sociale contre la réforme des retraites, sans constituer un échec pour l’intersyndicale qui y avait une nouvelle fois appelé, a montré hier les limites de l’exercice. Et cela maintenant que la loi est juridiquement adoptée, et validée, pour l’essentiel, par le Conseil constitutionnel.

Ni l’affluence dans les différentes manifestations ni le taux de grévistes n’ont en effet montré une reprise significative de la contestation, même si, à l’évidence, la colère de ceux qui y participent encore ne faiblit pas, ni ne se transforme en résignation. Mais enfin, après cinq mois de mobilisation contre la réforme des retraites, „le match est en train de se terminer“, a reconnu le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui avait été l’un des fers de lance de la contestation, mais avait toujours tenu aussi à rester un stratège réaliste.

Il appelle désormais les syndicats à „peser dans le rapport de force à venir sur d’autres sujets“, et considère que la journée d’hier „est évidemment la dernière dans ce format-là sur la réforme des retraites“. Etant entendu qu’elle „doit servir à montrer la force du mouvement syndical pour relever les défis qui sont devant nous, s’agissant en particulier du pouvoir d’achat, des salaires, du logement et des conditions de travail“, a-t-il ajouté.

„Nous voulons de vraies négociations“, a prévenu de son côté la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, évoquant elle aussi les salaires, mais également les „ordonnances Macron sur le Code du travail“ et „l’égalité femmes-hommes“. Certes, „les retraites resteront toujours un combat“, mais l’objectif, selon elle, „est à présent de gagner des avancées concrètes“, ce que devrait permettre l’action de l’intersyndicale si elle sait rester unie, car „il y aura d’autres manifestations, au vu de la colère qui existe dans le pays“.

Un ressentiment social qui reste profond

Les différents leaders syndicaux devraient tenir le 13 juin prochain une réunion, sans doute en visioconférence, pour faire le point à cet égard, une semaine, donc, après la journée d’hier, et en tenant compte de ce qu’aura donné la journée de demain à l’Assemblée nationale, où aura notamment lieu un débat sur une proposition du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mers) tendant à supprimer purement et simplement la loi sur la réforme des retraites, et qui a, pour des raisons constitutionnelles qui ne manqueront pas de lui être opposées, très peu de chances d’aboutir.

L’exécutif peut-il pour autant se prévaloir d’une paix sociale restaurée, ou du moins d’un climat à peu près apaisé, après un hiver fort agité? L’hypothèse, de toute façon fragile, ne vaut guère que pour l’immédiat. En ce mois de juin où l’été approche, sans doute les esprits se tournent-ils plus vers les vacances à venir que vers le combat contre la réforme des retraites, passé et pour l’instant perdu.

Mais même si les cortèges d’hier étaient plus clairsemés que les précédents, et les grévistes moins nombreux, Emmanuel Macron et son gouvernement n’ignorent pas qu’ils règnent désormais sur un pays où le ressentiment social est profond. Et qu’ils ne peuvent guère attendre un apaisement sur ce terrain que d’une forte embellie économique que, malgré une inflation qui semble désormais marquer le pas, au moins dans le secteur alimentaire, et un chômage à peu près contenu (à tout de même 7,1 % de la population active…), rien n’annonce encore pour l’instant.