OpinionPour une politique féministe et inclusive à tous les niveaux

Opinion / Pour une politique féministe et inclusive à tous les niveaux
 Photo: AFP

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Depuis un mois, nous sommes témoins d’une guerre atroce en Europe. Celle-ci montre à quel point la sécurité et la paix sont importantes dans notre monde, aussi en Europe. Dans les conflits armés, les femmes sont toujours encore victimes de violence à cause de leur genre et le conflit en Ukraine n’est pas une exception.

Ces dernières semaines, la question de paix et sécurité en Europe est revenue sur l’avant de la scène internationale avec l’attaque de la Russie contre l’Ukraine. Des millions d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes ont dû quitter leur patrie afin de fuir la guerre et de trouver un refuge sûr. Tous et toutes n’ont bien sûr pas eu la possibilité de fuir leur pays et sont contraint.e.s de continuer à vivre dans des conditions inhumaines en Ukraine.

Violences contre les femmes lors des conflits armés

Le 9 mars 2022, exactement un jour après la journée internationale des droits des femmes, la Russie a attaqué une maternité dans la ville de Marioupol. Les images montrent des scènes atroces: des femmes enceintes cherchant à fuir les bombardements, des femmes enceintes blessées par les bombardements et des femmes blessées fuyant les décombres afin de mettre leurs nouveau-nés à l’abri. Une photo a fait le tour du monde, c’est celle de la femme enceinte allongée sur un brancard qui est décédée des suites de ses blessures.

En temps de guerre, les femmes sont souvent les victimes les plus touchées. Cela n’est pas seulement le cas en Ukraine, mais dans pratiquement tous les conflits armés. Pensant par exemple à la République Démocratique du Congo. En 2008, le Major Général Patrick Cammaert, travaillant alors pour les Nations Unies en RDC, a affirmé: „It is probably more dangerous to be a woman than a soldier in moderns wars“1 (Il est probablement plus dangereux d’être une femme qu’un soldat dans les guerres modernes“).

Les violences commises contre les femmes pendant les conflits armés ne sont jamais faites de manière spontanée, mais de manière réfléchie et avec un agenda politique bien précis. Souvent parce que l’on sait qu’il est possible de le faire en toute impunité.

La source des violences faites aux femmes en temps de guerre est étroitement liée aux inégalités entre femmes et hommes en temps de paix. Effectivement, les conflits armés et crises ne font qu’accentuer les inégalités. Nous avons aussi pu voir cela pendant la pandémie du Covid-19, où les inégalités entre hommes et femmes, entre riches et pauvres, entre Nord et Sud n’ont fait que s’accentuer.

Le viol comme arme de guerre

Si les hommes sont assassinés lors des conflits armés, les femmes sont le plus souvent victimes de viol. Cela a pu être observé pendant la guerre en Irak, au Rwanda ou encore en RDC. Plus récemment, le Ministre des Affaires étrangères ukrainien, Dmytro Kuleba, a accusé les soldats russes de violer les femmes ukrainiennes.2 Une parlementaire ukrainienne, Lesia Vasylenko, a déclaré avoir été témoin d’atrocités „contre les plus vulnérables“, y compris avoir reçu des informations faisant état de femmes, y compris de femmes âgées, qui ont été violées dans les villes les plus durement touchées d’Ukraine. Comme la députée l’explique, ces femmes sont souvent exécutées après le viol ou décident de se prendre la vie, car ces expériences sont tellement traumatisantes, qu’elles laissent de graves séquelles sur la santé mentale et physiques des victimes.

Certaines députées ukrainiennes sont d’avis que comme la Russie n’a pas réussi à exécuter tous ses plans, elle a changé de stratégie en s’attaquant aux plus vulnérables de la société ukrainienne et aux femmes. Cela est malheureusement souvent le cas dans les conflits armés.

Les attaques sexuelles contre les femmes ne sont pas anodines, mais une stratégie politique et militaire mûrement réfléchie. Le viol peut bien sûr aussi être utilisé comme méthode pour empêcher les femmes à procréer „leur propre groupe“. Ainsi, le viol a aussi été utilisé comme génocide pendant la guerre au Rwanda. Le viol en temps de guerre est une arme qui sert à dessaisir les victimes de toute dignité, confiance en elles ou encore d’amour-propre. Les femmes sont aussi souvent violées pour leur montrer que leur pays ne peut pas les défendre. Les conséquences sur la santé mentale et physique des victimes de viol sont néfastes: stress post-traumatique, dépression, infection au sida et à d’autres maladies sexuellement transmissibles ou encore des grossesses non désirées, souvent sans aucun moyen et accès à un avortement sûr.

Une politique féministe et inclusive est nécessaire

C’est pourquoi il est important de miser sur une politique féministe et inclusive en temps de paix comme en temps de guerre et lors de chaque crise de considérer les personnes vulnérables et marginalisées qui ont tendance à être les plus affectées. Ainsi, on peut créer un ordre sociétal, où toutes les personnes sont prises en considération et créer un monde plus juste et équitable. Prendre les hommes comme mesure universelle, invisibilise la réalité d’un grand nombre de personnes, comme celle des femmes et d’autres personnes marginalisées.

Promouvoir toutes les femmes à tous les niveaux de prise de décision, surtout dans les milieux où elles sont encore considérablement sous-représentées comme en politique ou dans le domaine militaire, est important pour la représentation des femmes dans notre société. De plus, il est important de promouvoir les droits des femmes, surtout dans le domaine de la santé sexuelle et affective, tout comme les droits reproductifs. Surtout en temps de crise, on s’aperçoit que ces droits sont fragilisés. Sensibiliser et éduquer la société à ces crimes est aussi un pas important, car ces crimes restent trop souvent invisibles ou leurs conséquences sont minimisées.

Une politique du 21e siècle se doit d’être féministe et inclusive à tous les niveaux, aussi dans le domaine de la sécurité et de la paix. Comme l’a récemment affirmé la Ministre écologiste allemande des Affaires Étrangères, Annalena Baerbock, la politique, y compris la politique sécuritaire, a besoin d’une perspective féministe, „das ist kein Gedöns“.


1 https://www.forbes.com/sites/ewelinaochab/2018/11/24/violence-against-women-and-girls-the-most-widespread-persistent-and-devastating-violations/?sh=5317dd216b2d

2 https://www.reuters.com/world/foreign-minister-accuses-russian-soldiers-rape-ukrainian-cities-2022-03-04/

* Clarisse Kombo, gestionnaire de projets chez „déi gréng“ et responsable pour le Conseil à l’égalité des genres du parti.