FranceMacron a demandé à ses adversaires de lui faire des propositions – l’opposition dénonce „un ultimatum“

France / Macron a demandé à ses adversaires de lui faire des propositions – l’opposition dénonce „un ultimatum“
Marine Le Pen a été choisie par ses pairs du RN à l’unanimité par acclamations pour présider le groupe parlementaire de l’extrême droite Photo: AFP/Alain Jocard

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Mercredi soir, au terme d’une journée d’entretiens, de demi-négociations et de déclarations n’apportant guère de lumières nouvelles sur l’imbroglio politique et parlementaire dans lequel se trouve englué le chef de l’Etat, ce dernier a tenu une brève allocution télévisée avant de s’absenter à nouveau de France pour différents sommets internationaux. Allocution qui ne semble pas avoir débloqué la situation.

Emmanuel Macron, après avoir rappelé qu’il avait été réélu président de la République le 24 avril dernier (ce que personne, même chez ses adversaires les plus déterminés, ne semblait avoir oublié ni vouloir lui dénier) a en effet accordé à l’opposition jusqu’à son prochain passage par Paris, ce vendredi soir de retour de Bruxelles, pour „clarifier la part de responsabilité et de coopération que ces différentes formations sont prêtes à prendre à l’Assemblée nationale: entrer dans une coalition de gouvernement et d’action? S’engager à voter simplement certains textes? Notre budget? Lesquels autres?“

Il n’en aura pas fallu davantage pour que lesdites oppositions, de l’extrême gauche de la Nupes à l’extrême droite du Rassemblement national, en passant par le Parti républicain, n’en poussent les hauts cris, sur le trois thèmes. 1) Le président reste parfaitement impénitent, il n’a pas eu un mot pour manifester que, vainqueur certes à la présidentielle, il avait perdu les législatives, même avec une majorité relative; 2) Justement comme „gardien des institutions“, titre dont il ne cesse de se prévaloir, c’est à lui qu’il revient de faire des propositions, de possible programme commun notamment, à l’opposition, et non l’inverse: 3) et surtout: sa démarche ressemble fort à un ultimatum, tout à fait déplacé en démocratie.

„On aurait dit une mère de famille avertissant ses enfants, ironisait hier un député de droite: je sors faire quelques courses, mais je veux que quand je rentrerai votre chambre (des députés) soit rangée.“ Et un autre, de gauche: „Il y avait un côté: désolé, les gars, mais je n’ai pas le temps, mon avion m’attend!“ Bref, on ne saurait dire que, sauf miracle, le chef de l’Etat, qui a préféré mettre en avant les „fractures“ de la société et de l’électorat français plutôt que le moindre désamour dont il aurait pu personnellement être victime (et sa majorité avec lui), ait trouvé mercredi soir la recette miracle, ou même simplement une bonne ouverture.

„Puisque ces mystères nous dépassent …“

La situation des différentes formations de l’opposition n’est cependant pas strictement identique. Collectivement, aucun des groupes désormais constitutifs de l’Assemblée nationale n’envisage, ni d’entrer au gouvernement, ni même de se joindre à la majorité parlementaire relative des macronistes.

Chacun a pris ses quartiers au Palais-Bourbon, les présidents de groupe ont été élus en interne, ladite majorité ayant même élu à la fois une femme pour la présider, et une autre comme candidate au „perchoir“, autrement dit la présidence de l’Assemblée, Mme Yaël Braun-Pivet, qui devrait normalement être élue mardi au 3e tour, à la majorité simple. Marine Le Pen, de son côté, a été choisie par ses pairs du RN à l’unanimité par acclamations.

Mais il reste que chez les républicains, et certains modérés de droite et de gauche non-inscrits, certains estiment tout de même qu’il ne serait pas impossible, projet par projet, d’approuver par leur vote des initiatives gouvernementales, après amendements. Mais quelles initiatives? Présentées quand? Et surtout, par quel premier ministre. Le cas de Mme Borne reste controversé, et l’on en imagine déjà d’autres travaillés par des rêves de Matignon, à commencer par le leader centriste François Bayrou.

Mais surtout, on devine Emmanuel Macron hanté, après d’autres, par la géniale formule que le poète Jean Cocteau prête à l’un de ses Mariés de la Tour Eiffel: „Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être les organisateurs!“